Communiqué de l’AFS et de l’ASES — Association Française de Sociologie et Association des Sociologues Enseignant-e‑s du Supérieur

Notre col­lègue socio­logue Pinar Selek va pas­ser une nou­velle fois en pro­cès le 9 février pro­chain à Istam­bul et risque la réclu­sion cri­mi­nelle à per­pé­tui­té. Un nou­veau pro­cès, le troi­sième, pour les mêmes faits. Depuis 1998, une méca­nique judi­ciaire s’est enclen­chée, kaf­kaïenne. On lui reproche d’avoir posé une bombe aux mar­chés aux épices d’Istambul. Il appa­raî­tra immé­dia­te­ment, et cela sera confir­mé par des exper­tises scien­ti­fiques, que l’explosion est en réa­li­té due à une fuite de gaz.

Après deux ans et demi de pri­son, elle sera libé­rée. Un pre­mier juge­ment, à l’issue d’un pro­cès de cinq ans vien­dra éta­blir son inno­cence, elle sera ren­voyée mal­gré cela devant la jus­tice. Le deuxième pro­cès l’acquittera, mais elle est de nou­veau tra­duite devant la jus­tice de son pays, le 9 février pro­chain. Com­ment expli­quer un tel achar­ne­ment ? Pinar Selek a fait un tra­vail de socio­logue sur une réa­li­té déniée en Tur­quie, la ques­tion kurde. Elle a enquê­té auprès de Kurdes mais a refu­sé de don­ner leurs noms aux poli­ciers qui l’interrogeaient et la tor­tu­raient. Pinar Selek, socio­logue, est aus­si une femme enga­gée, notam­ment dans les com­bats fémi­nistes, anti-mili­ta­ristes… Dans une socié­té turque en pleine trans­for­ma­tion, tout cela est insup­por­table pour une frac­tion natio­na­liste et réac­tion­naire de l’Etat turc qui s’acharne ain­si depuis 13 ans sur Pinar Selek.
L’As­so­cia­tion Fran­çaise de Socio­lo­gie (AFS) et l’Asso­cia­tion des Socio­logues Ensei­gnants du Supé­rieur (ASES) demandent que l’innocence de Pinar Selek soit défi­ni­ti­ve­ment actée par la jus­tice et l’Etat turc et que celui-ci garan­tisse la liber­té de recherche.





© copyright 2016  |   Site réalisé par cograph.eu