Affaire Pinar SELEK
Communiqué de Presse du GIT France
Paris, le 1er décembre 1012
Nous, enseignants et chercheurs de France, membres du GIT, déclarons solennellement que nous sommes très inquiets pour les libertés intellectuelles et pour celle d’entreprendre des recherches en Turquie, après l’audience du 22 novembre 2012 instruisant un procès politique contre notre collègue, la sociologue Pinar SELEK. Nous appelons à la soutenir, et à travers elle, les libertés de recherche et d’enseignement en Turquie, lors de la nouvelle audience qui aura lieu le 13 décembre.
Pinar Selek, une des sociologues les plus renommées de Turquie, connue pour ces travaux innovateurs sur les marges de la société comme les femmes, les homosexuel (le)s, les enfants des rue, les Kurdes… est en danger.
En 1998, elle a été accusée d’avoir placé une bombe dans le Marché aux épices d’Istanbul. Or, toutes les expertises ont clairement démontré que l’explosion intervenue était due au gaz. Elle a été accusée en raison de ses recherches et de ses engagements pour défendre les exclus de la société turque.
Au long d’un feuilleton judiciaire interminable, elle a été acquittée à trois reprises. Mais ces verdicts d’acquittement ont été systématiquement cassés par la Cour de cassation. Le 22 novembre 2012, un tribunal d’Istanbul (dont la cour a été subitement modifiée dans sa composition) a décidé elle aussi de revenir sur les décisions de justice, en cassant l’acquittement, d’une manière totalement illégale dans la mesure où un tribunal n’est pas autorisé à modifier un arrêt définitif déjà rendu. Par cette décision, le tribunal en question s’est substitué à la Cour de cassation. A l’audience prévue du 13 décembre 2012, la cour aura la possibilité de revenir sur sa décision et de confirmer l’acquittement. Dans le cas contraire, notre collègue sera condamnée à la prison à perpétuité, alors que son innocence a été proclamée à trois reprises.
Pinar Selek mène actuellement ses recherches doctorales à Strasbourg. Elle est un membre prestigieux de la communauté scientifique de France. Nous déclarons que nous sommes solidaires de notre collègue. Nous demandons pour elle, et pour tous ceux et celles actuellement en prison, inculpés ou menacés pour leur recherche ou leur enseignement, une justice respectueuse des libertés élémentaires et des droits fondamentaux.
GIT France