La sociologue turque Pinar Selek condamnée à la prison à vie

Un tribunal d’Istanbul a condamné jeudi la sociologue et féministe turque Pinar Selek, qui était rejugée pour la quatrième fois après trois acquittements, à la prison à perpétuité en Turquie pour sa participation à un attentat commis en 1998 qu’elle a toujours contesté.

Après en avoir délibéré pendant plus d’une heure, la cour a reconnu l’universitaire Pinar Selek, quarante et un ans, qui vit aujourd’hui en exil à Strasbourg et qui n’assistait pas à son procès, coupable d’avoir aidé des rebelles kurdes à commettre un attentat à l’explosif contre un site touristique d’Istanbul, le marché des épices sur la Corne d’or, qui a fait sept morts en 1998.

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Le verdict de la justice a provoqué des réactions indignées parmi les nombreux soutiens de la sociologue, connue pour ses recherches sur les minorités marginalisées comme les transsexuels ou les Kurdes, venus assister à cette audience. Ne souhaitant pas être protégée par le statut de réfugié politique qu’elle n’a pas sollicité auprès de la France, elle risque l’extradition, en vertu des accords franco-turcs.

Arrêtée et incarcérée à l’âge de 27 ans, Pinar Selek a été impliquée dans cette affaire après avoir refusé de donner à la police les noms de rebelles qu’elle avait rencontrés dans le cadre de ses recherches. Elle a été libérée en 2000 après la publication d’un rapport attribuant l’explosion à une fuite de gaz.

Les tribunaux turcs, estimant que le caractère criminel de l’explosion n’était pas établi et prenant en compte la rétractation du principal témoin à charge, ont acquitté Pinar Selek à trois reprises, mais à chaque fois la Cour de cassation a invalidé le verdict.

A l’ouverture de cette nouvelle audience, les avocats de Pinar Selek ont dénoncé jeudi la tenue de ce quatrième procès, arguant notamment le fait qu’une procédure d’appel, normalement suspensive, était en cours quand le tribunal s’est saisi du dossier. Devant le refus des juges d’accepter leurs demandes, ils ont suspendu jeudi leur participation au procès.

« En Turquie, tout le monde sait que je suis contre la violence, que je milite pour la paix au Kurdistan, pour que l’on ne nie plus les massacres des Arméniens », confiait-elle en 2010 à l’Humanité.

http://www.humanite.fr/monde/la-sociologue-turque-pinar-selek-condamnee-la-pris-513688





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