Nous apprenons d’Istanbul que Pınar Selek vient d’être acquittée pour la troisième fois par la Cour D’assises d’Istanbul.
Son principal accusateur qui avait avoué sous la torture avoir posé une bombe avec elle au Bazar Égyptien en 1998 a également été acquitté. Toutefois le système judiciaire turc fait que cette décision doit être confirmée par la Cour Suprême qui peut encore casser ce jugement. Sa décision sera rendue le 22 juin prochain.
Il y avait beaucoup de monde à la conférence de presse d’Hélène Flautre (députée Européenne d’Europe Écologie) ce matin.
Au procès, les délégations et assistants n’ont pas pu tous entrer dans la petite salle du tribunal. Contactée par téléphone, Pınar a exprimé sa joie et a remercié tous ceux qui l’ont soutenue dans son combat.
Les organisations des droits de l’homme insistent sur le fait que ces treize années d’acharnement judiciaire sont symptomatiques de graves déficiences du système judiciaire turc.
Dans aucun pays démocratique, on ne peut casser un jugement sans éléments nouveaux et après que tous les arguments de l’accusation aient été balayés. Autres sujets de préoccupation : l’utilisation fréquente de la torture pour obtenir des aveux et la fabrication de fausses preuves par la police pour transformer des procès politiques en affaires criminelles.
Pınar Selek a seulement été harcelée pour sa liberté de pensée, le fait d’avoir étudié la rébellion kurde et ses prises de positions sur les sujets tabous tels que les massacres et la déportation massive des Arméniens à la chute de l’Empire ottoman. Après ses ennuis judiciaires, elle avait en outre continué son travail de sociologue en abordant le sujet délicat du militarisme en Turquie. Il est clair que c’est ce dont on a voulu la punir.
Reynald Beaufort