La sociologue turque Pinar Selek, accusée d’avoir participé à un attentat meurtrier commis il y a 14 ans mais déjà acquittée à trois reprises, sera jugée une quatrième fois, a décidé jeudi un tribunal d’Istanbul. La 12e chambre criminelle d’Istanbul a estimé que le dernier arrêt rendu par la Cour de cassation, qui invalidait l’acquittement de l’accusée, était recevable et que la chercheuse serait donc rejugée.
Pinar Selek, 41 ans, qui vit désormais en exil à Strasbourg, dans le nord-est de la France, n’a pas assisté à l’audience. La scientifique, connue pour ses recherches sur le conflit kurde, est accusée d’avoir aidé des rebelles kurdes à commettre un attentat à la bombe à l’entrée d’un site très touristique, le marché des épices à Istanbul, qui a fait sept morts et 127 blessés en juillet 1998. Elle a été impliquée dans l’enquête après avoir refusé de donner à la police les noms de rebelles qu’elle avait rencontrés dans le cadre de ses recherches.
Placée en détention préventive, elle a été libérée en 2000 après la publication d’un rapport attribuant l’explosion à une fuite de gaz. Les tribunaux turcs, estimant que le caractère criminel de l’explosion n’était pas établi et prenant en compte la rétractation du principal témoin incriminant Pinar Selek, ont acquitté à trois reprises la chercheuse, mais à chaque fois, la Cour de cassation a invalidé la décision. Les juges ont fixé au 13 décembre le début du nouveau procès.