Dix-sept personnes, des représentants de l’université, des chercheurs, des défenseurs des droits de l’homme, des étudiants, iront défendre l’enseignante chercheuse franco turque.
Le 31 mars sera une date importante pour Pinar Selek, enseignante-chercheuse à l’université de Nice. La Turquie lui impose un nouveau rendez-vous judiciaire. Pinar Selek n’y sera pas. Trop dangereux. La sociologue fait en effet désormais l’objet d’un mandat d’arrêt international avec une demande d’emprisonnement immédiat.
Le 21 juin dernier, l’agence de presse officielle turque a annoncé l’annulation, par la Cour Suprême de Turquie, de son… quatrième acquittement pour la même affaire. Une explosion sur le marché aux épices d’Istanbul en 1998. 25 ans, après, la justice turque continue à persécuter l’enseignante, l’accusant de terrorisme, quand bien même il a été prouvé que le drame qui a fait sept morts et 121 blessés était accidentel.
Dix-sept personnes se rendront donc à Istanbul le 31 mars pour la soutenir alors que se tiendra une nouvelle audience. « Nous sentons une très forte mobilisation à Nice et partout dans le monde au travers de ses comités de soutien », explique Anne-Marie Deiss, membre du comité de défense niçois de Pinar Selek.
Des membres de l’université, de la Ligue des droits de l’homme, des chercheurs, des étudiants seront présents. À l’instar du président de l’université de Strasbourg, l’université Côte d’Azur s’est d’ailleurs officiellement positionnée, réaffirmant un soutien sans faille.
Dans un communiqué, l’université, « au nom de l’universalité du savoir et l’inconditionnalité de la liberté d’expression des chercheurs », rappelle qu’elle s’est engagée depuis cinq ans auprès de Pinar Selek. « Elle lui a offert un lieu d’accueil professionnel, avec l’appui du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche, en créant un poste d’enseignante-chercheuse associée pour une durée déterminée puis en se donnant les moyens de créer un poste pérenne en 2022. »
Soutenue par la ville de Nice
Ce jeudi 24 février la ville de Nice lui a également apporté son soutien. « À travers Pinar Selek, la ville soutient tous les objecteurs de conscience, ceux qui sont victimes d’abus, de répressions, de terreur dans un régime autoritaire dont la priorité est de faire taire toute contestation. »
Avant ce dernier rebond judiciaire, Pinar avait comparu dans le cadre de quatre procédures, qui ont toutes constaté son innocence. Elle avait été emprisonnée, torturée, pour ses recherches sociologiques sur les Kurdes, les trans, les objecteurs de conscience, les enfants à la rue, les prostituées… qui gênaient le pouvoir turc. Celui-ci a décidé de faire d’elle une « terroriste ».
« À quelques mois d’élections cruciales pour le régime, les plus hautes instances judiciaires aux ordres du pouvoir veulent faire taire toute velléité de contestation », estime le comité de soutien. Une conférence de soutien à Pinar Selek se tiendra mercredi 29 mars, à l’auditorium de l’Hôtel de ville de Paris. Une centaine de libraires de toute la France sont mobilisés également.
Une soirée festive se tiendra le 25 mars au local de « Nice en commun », rue François-Guisol, et des cartes postales pré imprimées avec un message de soutien seront distribuées. Elles pourront être envoyées à l’ambassade de Turquie à Paris en guise de protestation.
Publié le 24/02/2023