
La journée de solidarité à Pinar Selek, organisée à l’occasion de la 6e audience du 5e procès de la sociologue franco-turque, s’est clôturée à la bibliothèque de l’Alcazar (1er), ce mardi, en présence de la militante féministe et de l’actrice Ariane Ascaride. Persécutée par l’État turc depuis 27 ans, Pinar Selek est poursuivie pour un attentat qu’elle n’a pas commis et risque la prison à vie.

Jean-Marc Coppola, adjoint au maire en charge de la culture (PCF) et Michèle Rubirola, première adjointe au maire (PM), étaient tous deux présents à l’Alcazar (1er), mardi soir. Photo M.M.
Acquittée à quatre reprises, Pinar Selek est poursuivie depuis 1998, d’abord pour ses travaux universitaires sur les Kurdes, puis pour un attentat dont elle est innocente. Installée en France depuis 2011, elle est aujourd’hui enseignante-chercheuse à l’Université Côte d’Azur (Nice). Ce mardi, la sociologue franco-turque a poursuivi son combat pour la liberté d’expression à Marseille, entourée de ses soutiens. À l’occasion de la 6e audience de son 5e procès qui se déroule à Istanbul, une nouvelle journée de solidarité a été organisée dans la cité phocéenne. Elle s’est clôturée dans la bibliothèque de l’Alcazar (1er).
L’actrice marseillaise Ariane Ascaride a proposé la lecture de trois textes de Pinar Selek — « Savoirs nomades », « Acrobatie pour les libertés » et « Aimer ou construire » — où se racontent l’absurdité des frontières, des réflexions sur l’exil, le rapport des humains au reste du vivant, le racisme anti-kurde, et bien d’autres réflexions. « C’est un très grand cadeau pour moi, je n’avais jamais lu mes textes à voix haute. Ariane leur a donné encore un autre sens, car elle a pu ajouter les silences qu’on ne peut pas voir à la lecture », s’est émue Pinar Selek après la performance de la comédienne.
« Je voudrais insister sur le fait que cette fille-là est vraiment étrange. Je n’ai jamais vu quelqu’un comme elle. C’est une guerrière. Elle se bat pour sa vie et arrive à intellectualiser tout son rapport au monde. Elle le fait pour que d’autres puissent comprendre par quoi on passe sans être simplement submergé par l’émotion, s’est enthousiasmé Ariane Acaride, quelques instants après ses lectures. Et après, cette intellectuelle s’en va dans le pays des fées pour raconter des histoires magiques. Vous avez beaucoup de chance de la connaître ».
Procès encore reporté
Pour la 6e fois consécutive, le 5e procès de Pinar Selek a, mardi, été reporté par la justice turque. « Il semble que les juges avaient déjà pris leur décision avant même d’échanger avec les avocats », a déclaré Seyda Selek, mathématicienne devenue avocate pour défendre sa sœur, présente lors de l’audience de mardi à Istanbul, aux côtés de la délégation internationale sur place pour soutenir la sociologue. La date du prochain procès est fixée au 2 avril 2026.
Poursuivie depuis 27 ans par Ankara, Pinar Selek ne peut plus se rendre en Turquie, où elle risque d’être arrêtée. « Ils veulent nous épuiser, mais ils n’y arrivent pas. Nous continuons de résister et ça les énerve, c’est pour cela qu’ils ne font que reporter l’audience et qu’ils envoient des lettres de menace à Ariane », a constaté Pinar Selek, mardi soir. Et de poursuivre : « Aujourd’hui, j’ai vu tant de solidarité autour de moi, tant d’expériences, d’analyses, de formes d’expressions qui convergent… Ça me donne la pêche. Je peux encore courir longtemps sans m’arrêter ». Définitivement indomptable.
Margot Milhaud
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