L’objectif du voyage de François Hollande étant de réchauffer les relations, plutôt houleuses, entre la Fance et la Turquie, il y a donc peu de chances que le chef de l’Etat français aborde les sujets qui fâchent, en tout cas en public. Reste donc le cas de Pinar Selek, une sociologue qui a obtenu l’asile politique en France et dont Ankara demande l’extradition.
Pinar Selek a été condamnée, en janvier 2013, à une peine de prison à vie pour avoir participé à un attentat contre un site touristique d’Istanbul, ayant fait 7 morts en 1998. Une affaire dans laquelle elle se retrouve impliquée après avoir refusé de donner à la police les noms de rebelles kurdes qu’elle avait rencontrés dans le cadre de ses recherches sur les minorités marginalisées.
Pour Jean-Pierre Djukic, porte-parole du comité de soutien universitaire à la sociologue, Pinar Selek est un cas emblématique : « C’est un signal qu’on envoie qui est extrêmement fort en direction de la communauté scientifique en Turquie pour lui signifier qu’il y a un certain nombre de sujets interdits ou de sujets sur lesquels, soit il ne faut pas enquêter, soit ne faut pas effectuer de recherches, ou soit les effectuer en acceptant de coopérer avec les autorités de l’Etat. »
Pour Jean-Pierre Djukic, François Hollande doit refuser toute demande d’extradition : « C’est le premier acte que François Hollande peut remettre. La deuxième chose, c’est que le président français peut tout à fait agir pour mettre un terme à cette entreprise de pénalisation et agir indirectement pour son acquittement définitif. »
Reste que le comité de soutien à la sociologue Pinar Selek se dit très réservé sur l’issue de la visite de chef de l’Etat François Hollande en Turquie.
Guillaume Naudin