On apprend par une dépêche datée de ce jour à 17h 40 (heure d’Istanbul) que le procès Selek a été reporté une nouvelle fois, au 24 janvier 2013.
Ils veulent éreinter Pınar et ses amis.
Malgré l’importante mobilisation, la présence de dizaines d’avocats et juristes venus de toute la Turquie, une masse d’amis, d’intellectuels, de journalistes, des groupes d’anciens et actuels étudiants du lycée Notre-Dame de Sion et de l’université Mimar Sinan, établissements où Pınar Selek a étudié ; malgré les délégations internationales, malgré le mouvement d’opinion en France, en Allemagne, et les déclarations de personnalités comme celle, très ferme, du maire de Strasbourg, malgré tout cela, les « juges » ont estimé que le cas Selek est douteux et qu’il mérite « réflexion ».
Ainsi la torture psychologique continue pour Pınar.
On nous dira sans doute que la justice turque est indépendante, indépendante du pouvoir, indépendante des groupes de pression, indépendante des mouvements d’opinion.
Depuis quatorze ans, les juges ont changé, les gouvernements se sont succédé. Il ne s’agit donc pas du caprice d’un juge obstiné, comme je l’ai pensé un moment, ni de la politique d’UN gouvernement. Il s’agit d’une politique répressive à long terme, qui vise les citoyens turcs, intellectuels ou non, qui prennent en mains les réels problèmes du pays.
Or ce qui fait l’unité de cette période, 1998-2012, c’est justement la pérennité des problèmes, du problèmes kurde en particulier.
Pendant ce temps le gigantesque palais de justice de Çaglayan (Istanbul) continue de proclamer silencieusement que la Turquie est le pays des procès, et non pas le pays de la justice. S’il faut un si grand « palais », c’est que les procès sont innombrables, interminables, à répétion; la Turquie, oui, est le pays de la chicannerie politique, le pays des procès d’opinion et des procès de masse.
Il faut effectivement de bien grands palais pour cela.
http://www.susam-sokak.fr/article-affaire-selek-proces-encore-reporte-113428458.html