AFS — Soutien renouvelé à Pinar Selek !

Dans un com­mu­ni­qué com­mun publié le 19 décembre 2014 (« Recon­naître défi­ni­ti­ve­ment l’innocence de Pinar Selek c’est réaf­fir­mer l’indépendance de la jus­tice turque »), nos deux asso­cia­tions fran­çaises de socio­logues, l’AFS et l’ASES, appor­taient de nou­veau leur plein sou­tien à Pinar Selek, accu­sé par l’État turc d’un atten­tat ter­ro­riste qui n’a pas eu lieu (les experts avaient rapi­de­ment éta­bli qu’il s’agissait d’une explo­sion acci­den­telle), en réa­li­té cou­pable à ses yeux d’être socio­logue et de déve­lop­per des recherches sur des « mino­ri­tés » et des objets occul­tés (le géno­cide armé­nien) ou vio­lem­ment répri­més (la ques­tion kurde). Pré­sents au pro­cès, nous avions for­mé l’espoir, à l’énoncé d’un qua­trième ver­dict d’acquittement, qu’enfin jus­tice serait défi­ni­ti­ve­ment ren­due. Mais le pro­cu­reur, au nom de l’État turc, fit appel. Deux ans plus tard, le 25 jan­vier 2017, le pro­cu­reur de la Cour de cas­sa­tion a une nou­velle fois requis la condam­na­tion à per­pé­tui­té de Pinar Selek.

L’acharnement judi­ciaire contre la cher­cheuse a com­men­cé en 1998, alors que les mili­taires avaient repris la main en évin­çant, au nom de la laï­ci­té, le pre­mier ministre isla­miste de l’époque. Faire des recherches sur les Kurdes, c’était s’opposer à ce que l’on appelle l’État pro­fond (une par­tie de l’armée der­rière le pou­voir civil). Lorsque les isla­mistes (impro­pre­ment qua­li­fiés à l’époque de modé­rés) sont reve­nus au pou­voir, l’acharnement contre Pinar Selek a repris de plus belle : elle repré­sente tout ce qu’ils exècrent.

Pinar Selek (via liberte-expression.fr)

Le contexte actuel rend emblé­ma­tique le cal­vaire judi­ciaire de Pinar Selek. Depuis le coup d’État man­qué du 15 juillet der­nier de la confré­rie Gülen, le pré­sident turc Erdo­gan réprime en effet à tout-va, bien au-delà de ceux qui furent ses anciens alliés. Il fait arrê­ter (et révo­quer lorsqu’il s’agit de fonc­tion­naires) magis­trats, avo­cats, jour­na­listes, uni­ver­si­taires qui n’ont aucun lien avec Gülen mais ont le tort de s’opposer à sa volon­té de toute puis­sance.

Dans ce contexte de répres­sion géné­ra­li­sée, sou­te­nir Pinar Selek est plus que jamais essen­tiel. Devant l’inaction d’une Union euro­péenne qui voit dans Erdo­gan un rem­part contre les migrants, l’ASES et l’AFS réitèrent leur sou­tien à Pinar Selek et aux uni­ver­si­taires turcs, réaf­firment leur atta­che­ment à la liber­té d’enseignement et de recherche et invitent l’ensemble des col­lègues à prendre part aux diverses ini­tia­tives mises en place en ce sens : comi­tés de sou­tien à Pinar Selek d’abord, dans cha­cune de nos uni­ver­si­tés, signa­ture de la péti­tion récla­mant son acquit­te­ment défi­ni­tif lan­cée par son édi­trice Lia­na Levi, et plus lar­ge­ment accueil de col­lègues turcs dans nos labo­ra­toires et autres actions en leur faveur, par exemple via le pro­gramme PAUSE.

https://afs.hypotheses.org/173





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