Communiqué du SNTRS-CGT Justice pour la sociologue turque Pinar Selek

Le SNTRS-CGT exprime sa pro­fonde soli­da­ri­té envers notre col­lègue, la socio­logue turque Pinar Selek, réfu­giée poli­tique en France et membre asso­ciée de l’UMR8245 « Migra­tions et socié­té » (CNRS-IRD-Uni­ver­si­té de Nice), vic­time depuis 19 ans d’un insup­por­table har­cè­le­ment judi­ciaire dans son pays. Accu­sée de ter­ro­risme, per­sé­cu­tée suite à ses recherches sur les Armé­niens et les Kurdes, Pinar Selek a été acquit­tée à quatre reprises par les tri­bu­naux turcs, preuve que ses arres­ta­tions, les pres­sions et les pro­cès qu’elle a subis n’avaient pour but que de faire taire une voix libre et cou­ra­geuse, anti­mi­li­ta­riste, fémi­niste et paci­fiste, une scien­ti­fique dont les tra­vaux déran­geaient.

Pinar Selek est exi­lée en France depuis 2009. Elle a pour­sui­vi ses recherches dans des UMR CNRS à l’Université de Stras­bourg, puis à l’ENS de Lyon. Elle a béné­fi­cié toutes ces années du sou­tien de ses col­lègues fran­çais avec des délé­ga­tions à ses divers pro­cès, une recom­man­da­tion du conseil scien­ti­fique du CNRS, des soi­rées de sou­tien publiques à Stras­bourg. Il faut aujourd’hui ampli­fier ce sou­tien.

Le 25 jan­vier 2017, la plus haute juri­dic­tion turque a inter­je­té appel et requis la per­pé­tui­té contre Pinar Selek. Cette réqui­si­tion annule la déci­sion d’acquittement prise suite à l’appel de ses avo­cats en juin 2014. Suite aux nou­velles lois édic­tées par le gou­ver­ne­ment réac­tion­naire de Recep Tayyip Erdo­gan après le coup d’état raté de l’été 2016, si Pinar Selek venait à être condam­née par contu­mace, ce seraient les membres de sa famille vivant en Tur­quie, en pre­mier lieu son père avo­cat de 86 ans, qui en paie­raient les frais (pri­va­tion de leurs biens, réten­tion de pas­se­ports etc.).

Le SNTRS-CGT s’associe à l’appel du comi­té turc « jus­tice pour Pinar Selek », ani­mé par des avo­cats et des défen­seurs des droits humains, et à tous les appels des comi­tés de sou­tien fran­çais. La direc­tion du CNRS, et en géné­ral la com­mu­nau­té scien­ti­fique fran­çaise, doit se tenir aux côtés de cette col­lègue, défendre l’indépendance et la liber­té de la recherche face à l’obscurantisme et à l’autoritarisme. Le pro­cès de Pinar Selek est poli­tique. C’est une ven­geance d’État, qui s’exprime aus­si par des arres­ta­tions de jour­na­listes, d’intellectuels (comme l’écrivaine Asli Erdo­gan et la lin­guiste Nec­miye Alpay, empri­son­nées pen­dant deux mois et libé­rées le 30 décembre der­nier), des licen­cie­ments d’universitaires, et une répres­sion vio­lente du mou­ve­ment social.

Le SNTRS-CGT exige jus­tice et liber­té pour Pinar Selek. Que cesse enfin l’acharnement dont elle est vic­time, et qu’elle puisse exer­cer sans entrave son acti­vi­té scien­ti­fique.

Vil­le­juif, le 3 février 2017





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