Pinar Selek est une militante et sociologue turque, féministe et antimilitariste. Elle est accusée par les autorités turques d’avoir commis un prétendu attentat à la bombe au marché aux épices d’Istanbul en 1998. Alors jeune sociologue engagée de 27 ans, elle mène une enquête sur le conflit armé qui a transformé le sud-est anatolien en zone de guerre. Elle s’intéresse tout particulièrement aux militants kurdes du PKK qui ont choisi la lutte armée. Arrêtée par la police le 11 juillet 1998, elle est torturée puis incarcérée pour refuser de livrer les noms des combattants kurdes qu’elle a interviewés. C’est au cours de son incarcération qu’elle apprend qu’elle est accusée d’être complice d’un attentat au marché aux épices. Elle est libérée en 2000 suite à un rapport judiciaire attribuant l’explosion à une fuite de gaz puis acquittée en 2006.
Mais la cour de cassation fait appel du jugement. Un acharnement judiciaire commence qui dure maintenant depuis seize ans. Malgré deux nouveaux acquittements en 2008 et 2011, l’Etat continue d’instrumentaliser la justice pour que celle-ci révise le procès.
Dès le lendemain de sa libération, Pinar Selek a repris son travail de terrain et ses luttes contre toutes les formes de domination, le patriarcat, l’hétérosexisme, le nationalisme, le militarisme. Elle continue à déranger en écrivant sur des sujets tabous. En 2001, elle fonde avec d’autres l’association féministe Amargi qui s’engage contre les violences faites aux femmes et qui ouvre la première librairie féministe au centre d’Istanbul.
Après des années de procès, Pinar Selek a été condamnée à la prison à vie avec mandat d’arrêt le 24 janvier 2013. Ses avocats ont dénoncé l’illégalité de cette condamnation et ont obtenu son annulation auprès de la 9e Cour de cassation le 30 avril 2014. Le 3 octobre 2014, l’affaire est renvoyée devant la 15e Cour pénale d’Istanbul qui va recommencer le procès.
Depuis 2011, Pinar Selek vit en exil en France en tant que réfugiée politique. Elle est aujourd’hui à Lyon et a besoin de la solidarité de tout-e-s. La création d’un collectif lyonnais répond à cette exigence : au nom de la liberté d’expression et de lutte contre l’arbitraire et l’acharnement judiciaire, au nom de la lutte contre toutes les formes de domination. Nous appelons toutes les organisations et toutes les personnes attachées à ces valeurs et désireuses d’apporter leur soutien à Pinar Selek afin que celle-ci demeure libre à rejoindre ce collectif.