Je suis une Cerf-volant à Nice

 

En tant que femme exi­lée, je suis une Cerf-volant. Une femme sans fron­tière. Mais on peut faci­le­ment me déchi­rer. J’ai besoin de la soli­da­ri­té pour pou­voir dan­ser avec les vents !… Et après la belle action fémi­niste de 5 juin à Nice, quand le ciel sera rem­pli d’autres cerfs-volants, ça sera plus dif­fi­cile de me déchi­rer ! Venez !

Le 5 juin à Nice, il y aura une action fémi­niste trans­na­tio­nale pour une Europe sans muraille.  Les fémi­nistes venues de tous les coins de l’Europe défi­le­ront près des fron­tières ita­liennes, pour refu­ser les poli­tiques de cri­mi­na­li­sa­tion des migra­tions qui tuent, qui tor­turent les popu­la­tions non-euro­péennes et qui pèsent par­ti­cu­liè­re­ment sur les femmes, notam­ment sur les les­biennes et les per­sonnes trans. Cette action veut rendre visible ce qui ne l’est pas.  Elle est ouverte à tout le monde, mais cette fois-ci le fémi­nin l’empotera sur le mas­cu­lin. Comme on le voit déjà par son nom : Toutes Aux Fron­tières ! Les hommes sup­por­te­ront-ils être repré­sen­tés par le fémi­nin ? Je l’espère bien !

Venez le 5 juin à Nice. Pour expé­ri­men­ter ensemble une petite tra­ver­sée grâce aux cerfs-volants. Avant de prendre la route, faites un cerf-volant qui exprime quelque chose d’o­ri­gi­nal. Nous allons les faire voler ensemble au-des­sus de la mer qui est aus­si une fron­tière meur­trière. La mer bleue de la Côte d’Azur qui est désor­mais un tom­beau. Les cerfs-volants colo­rés vont dan­ser sur la mer pour saluer les morts, pour saluer les Ody­sées de notre époque. Et aus­si pour mettre en scène les tra­ver­sées des femmes qui volent, voyagent, se libèrent, s’in­ventent et créent.

En tant que femme exi­lée, je serai une des cerfs-volants ! Je suis une Cerf-volant. Une femme sans fron­tière. Mais fra­gile. J’ai besoin de la soli­da­ri­té. Pour pou­voir voler. Pour pouvoir…danser avec les vents !

Oui, on peut faci­le­ment me déchi­rer, m’é­cra­ser. Je ne suis pas une Oiseau, mes ailes sont dif­fé­rentes. Construites…par des mil­liers de mains. Je suis une des cerfs-volants, de mil­liers de cou­leurs, de mil­liers d’expressions. Je suis une des femmes exi­lées qui repré­sentent 54% des migrant-es en Europe. Des invi­sibles. Je sais que, dans cette invi­si­bi­li­té, les Etats euro­péens veulent nous condam­ner à une exis­tence sans droit, à l’exploitation et à la vio­lence. Pourtant…pourtant, dans cette invi­si­bi­li­té, il y a aus­si la résis­tance qui embel­lit nos par­cours. La résis­tance col­lec­tive qui embel­lit notre vie. La résis­tance fémi­niste qui embel­lit notre monde. Comme des défi­lées de cerfs-volants.

Je suis une Cerf-Volant… On peut faci­le­ment me déchi­rer, écra­ser.  Et le 5 juin à Nice, quand le ciel sera rem­pli d’autres cerfs-volants, je vais sen­tir très fort que ce monde triste pour­rait être un espace de fête ! Un espace de liber­té. Avec d’autres cerfs-volants, je dan­se­rai pour la liber­té de voya­ger. Pour la liber­té de s’installer. Pour la liber­té d’aimer.

Je suis une Cerf-Volant… Après le 5 juin ça sera plus dif­fi­cile de me déchi­rer !

Pinar Selek

L’i­mage : Naz Oke

https://blogs.mediapart.fr/pinar-selek/blog/300321/je-suis-une-cerf-volant-nice





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