La tragédie qui a touché la Turquie est aussi le produit d’une politique autoritaire

Com­mu­ni­qué des col­lec­tifs de soli­da­ri­té avec Pinar Selek
Le 22 février 2023

Le dra­ma­tique trem­ble­ment de terre que vient de subir la Tur­quie met une nou­velle fois en lumière l’aspect répres­sif du régime et le musel­le­ment des liber­tés fon­da­men­tales. Les col­lec­tifs de soli­da­ri­té avec Pinar Selek expriment leur pleine soli­da­ri­té avec toutes les popu­la­tions tou­chées par cette catas­trophe. Ils dénoncent avec force l’État turc qui, pour conso­li­der son pou­voir auto­ri­taire avant les pro­chaines élec­tions, ne recule devant aucun men­songe ni geste ignoble. Ils se féli­citent que le prix Duy­gu Ase­na du Pen Club de Tur­quie vienne d’être attri­bué conjoin­te­ment à Gül­se­ren Onan, une grande voix de la résis­tance fémi­niste, à Haluk Levent qui est deve­nu un héros de l’aide aux vic­times du trem­ble­ment de terre, et à Pinar Selek elle-même.

Non, ce n’est pas juste « la main du des­tin » qui a frap­pé la Tur­quie, contrai­re­ment à ce que répète le pré­sident Erdo­gan pour se dédoua­ner des dizaines de mil­liers de per­sonnes mortes sous les décombres lors du double séisme qui s’est pro­duit le 6 février 2023, au sud-est de la Tur­quie et en Syrie voi­sine. Ce ter­rible drame, qui plonge dans le deuil des villes entières, est le pro­duit de la poli­tique d’un état auto­ri­taire. Dans un texte bou­le­ver­sant, Pinar Selek exprime sa colère et son exi­gence de jus­tice pour toutes les vic­times :

« Notre pays est condam­né à la mort. A la ter­rible dou­leur para­ly­sante. Pour­tant nous ne sommes pas paralysé·es. L’énergie de la soli­da­ri­té nous mobi­lise. Notre colère est grande. Si grande qu’elle ne peut être ni empri­son­née, ni exi­lée. Les der­niers regards de nos morts res­tent droits face au règne du men­songe, de la cor­rup­tion et de l’hy­po­cri­sie. Ils veulent la jus­tice. Nos morts res­te­ront tou­jours au sein de nos vies. Nous n’ou­blie­rons pas. Afin que leurs yeux ne res­tent pas ouverts, nous allons don­ner vie à la jus­tice. »

De fait, la répres­sion s’est encore dur­cie en ces temps de catas­trophe. Un exemple affreux par­mi d’autres : au len­de­main du séisme le gou­ver­ne­ment a fer­mé pen­dant 12 heures twit­ter et d’autres outils de com­mu­ni­ca­tion pour faire taire les cri­tiques sur sa ges­tion de la crise. Il a ain­si pri­vé les vic­times et les secours de moyens de com­mu­ni­ca­tion dans les heures les plus cru­ciales. L’ampleur des dégâts et le nombre de vic­times sont liés à la fra­gi­li­té des nou­velles construc­tions, pro­vo­quée par tout un sys­tème d’accords mafieux entre auto­ri­tés poli­tiques, jus­tice et entre­pre­neurs. Tous ferment les yeux.

Le har­cè­le­ment juri­dique inces­sant qui cherche à bri­ser Pinar Selek depuis 25 ans est bien le fruit de cette même poli­tique répres­sive, injuste et anti­dé­mo­cra­tique. La cam­pagne que nous conti­nuons à mener en soli­da­ri­té avec elle fait par­tie de l’effort indis­pen­sable et col­lec­tif pour des­ser­rer l’étau géné­ral qui étouffe la popu­la­tion en Tur­quie. L’enjeu est consi­dé­rable. Il en va des liber­tés de pen­ser, d’écrire, d’exercer son esprit cri­tique et de vivre dans un pays qui prend soin de chacun·e.

La Coor­di­na­tion des col­lec­tifs de soli­da­ri­té avec Pinar Selek
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