Le procès de Pinar Selek une nouvelle fois reporté !

Aujourd’­hui 29 sep­tembre 2023 avait lieu à Istan­bul la nou­velle audience du 5ème pro­cès, nou­velle étape d’un long achar­ne­ment poli­ti­co-judi­ciaire enta­mé il y a 25 ans contre Pınar Selek, écri­vaine et socio­logue fran­co-turque, fal­la­cieu­se­ment accu­sée de ter­ro­risme. Il s’agit de l’explosion au mar­ché aux épices d’Istanbul du 19 juillet 1998, dont il a été prou­vé qu’elle était due à un acci­dent. A cette date-là, Pınar Selek était déjà en pri­son depuis 8 jours et tor­tu­rée pour livrer l’identité de mili­tants kurdes qu’elle avait interviewé.e.s dans le cadre de son enquête socio­lo­gique. Acquit­tée 4 fois, elle est à nou­veau mise en accu­sa­tion, début 2023. Une pre­mière audience de ce 5ème pro­cès a eu lieu le 31 mars der­nier en Tur­quie et avait débou­ché sur un report du pro­cès au pré­texte que Pınar Selek devait être pré­sente pour être jugée. C’est sur ce motif que la Cour avait sol­li­ci­té une demande d’extradition, alors qu’un juge­ment pour­rait être pro­non­cé en son absence. En réa­li­té, le dos­sier d’accusation est vide.

Concrè­te­ment, que s’est-il pas­sé aujourd’­hui ?

Réunie une nou­velle fois, la Cour cri­mi­nelle d’Istanbul a repor­té à nou­veau l’examen du dos­sier au 28 juin pro­chain, face à de nom­breux sou­tiens turcs rejoints comme en mars der­nier par une impo­sante délé­ga­tion inter­na­tio­nale, com­po­sée d’élu.e.s de la répu­blique, d’avocat.e.s, uni­ver­si­taires et cher­cheurs, d’artistes ain­si que de représentant.e.s d’organisations de défense des droits humains, de syn­di­cats et asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles d’avocat.e.s et de l’enseignement supé­rieur et de la recherche fran­çaise et de militant.e.s. Le tri­bu­nal s’est refu­sé à confir­mer pour la 5ème fois que Pınar Selek est inno­cente : en effet toutes les fois qu’une Cour de jus­tice a regar­dé le fond de son dos­sier, elle a admis qu’il n’y avait aucune preuve contre elle. Il cherche à faire diver­sion, en ren­voyant la balle à la France, cen­sée exa­mi­ner une demande d’extradition, qu’elle n’a tou­jours pas reçue. Le minis­tère de la jus­tice turque lui-même a ren­voyé le dos­sier à la Cour, jugeant la demande insuf­fi­sam­ment moti­vée. Dans une conjonc­ture où la Tur­quie rede­mande son adhé­sion à l’Union euro­péenne, le déni de jus­tice dont elle est vic­time fait sans doute mau­vais genre.

Aujourd’hui, la Cour cri­mi­nelle d’Istanbul s’est donc conten­tée de décla­rer avoir à nou­veau trans­mis la demande d’extradition de Pinar Selek. La France la rece­vra-t-elle ? Inter­pol atten­dait en effet tou­jours en mars der­nier les élé­ments per­met­tant de dif­fu­ser une notice rouge contre Pinar Selek.

Que com­prendre de tout cela ?

Que la jus­tice turque qui sou­haite enfer­mer PInar Selek à per­pé­tui­té pour ses tra­vaux de recherche, comme pour ses oeuvres lit­té­raires et ses prises de posi­tion en faveur des mino­ri­tés kurdes et armé­niennes, des mou­ve­ments fémi­nistes et des mino­ri­tés LGTB+ turques, pour­suit son achar­ne­ment poli­tique contre elle, qui relève du har­cè­le­ment, voire de la tor­ture psy­cho­lo­gique. Elle espère sans doute épui­ser la résis­tance de Pinar Selek, comme celle de la puis­sante soli­da­ri­té inter­na­tio­nale qui se dresse à ses côtés. Mais notre déter­mi­na­tion reste entière, afin que jus­tice soit enfin ren­due pour notre col­lègue, amie et cama­rade, et que cette grande intel­lec­tuelle puisse pour­suivre ses acti­vi­tés d’enseignante, de cher­cheure, d’écrivaine et de mili­tante en toute liber­té. Ce pro­cès poli­tique en ter­ro­risme est une des formes les plus extrêmes d’atteinte à la liber­té d’expression et à la liber­té aca­dé­mique, mena­cées aujourd’hui par­tout dans le monde. Nous serons tou­jours à ses côtés, le 28 juin, à Istan­bul et ailleurs. Jus­tice pour Pinar !

La coor­di­na­tion des col­lec­tifs de soli­da­ri­té avec Pinar Selek.





© copyright 2016  |   Site réalisé par cograph.eu