Prenant prétexte du putsch militaire de juillet 2016, le président Erdogan et son gouvernement se sont lancés dans une entreprise de restriction des libertés fondamentales. Un virage autoritaire et l’exercice d’un pouvoir arbitraire se sont manifestés, entre autres, par des purges massives dans la fonction publique, dont des milliers d’enseignants, d’universitaires et de chercheurs ont été les victimes. C’est dans ce contexte, dénoncé par nos syndicats dès le mois de novembre, que nous avons appris que le procureur de la Cour de cassation de Turquie avait requis contre notre collègue Pinar Selek, l’annulation de son acquittement de 2014 ainsi que la prison à perpétuité.
De telles réquisitions suscitent notre inquiétude et notre plus vive indignation. Il convient en effet de rappeler que Pinar Selek est persécutée par les autorités turques depuis 19 ans, qu’on lui attribue la responsabilité d’un attentat qui n’a jamais existé, et qu’elle a été acquittée à quatre reprises. Réfugiée en France depuis 2012, ayant bénéficié d’un large soutien de la communauté de recherche et d’enseignement, cette écrivaine et sociologue a soutenu sa thèse en 2014 à l’université de Strasbourg et a été faite Docteur honoris causa par l’ENS de Lyon. Pinar Selek est aujourd’hui membre associée d’un laboratoire du CNRS à l’université de Nice.
Porte-drapeau des combats pour les Droits humains, incarnant exemplairement par son œuvre la défense de la liberté d’expression et de recherche, chercheuse et militante engagée aux côtés des minorités, Pinar Selek mérite un soutien qui soit à la hauteur des valeurs qu’elle incarne et qu’elle défend avec courage depuis de longues années. C’est pourquoi nos organisations syndicales interpellent le gouvernement afin que des mesures soient prises rapidement pour sécuriser sa situation professionnelle et personnelle.
Mais, au-delà du cas individuel de Pinar Selek, nous appelons aussi le gouvernement français et l’Union européenne à exercer des pressions diplomatiques fermes en direction du gouvernement turc. Celui-ci doit cesser son entreprise de destruction systématique des libertés fondamentales et rétablir l’état de droit. Nous demandons en particulier que les universitaires suspendus soient rétablis dans leurs fonctions, et que les libertés académiques et la libre circulation des chercheurs soient garanties.
Le SNESUP-FSU et le SNCS-FSU appellent enfin la communauté universitaire à amplifier la mobilisation en soutien à Pinar Selek et à tous nos collègues de Turquie, en créant dans les établissements et laboratoires des comités de soutien universitaires, en œuvrant avec les équipes de direction à l’accueil des chercheurs turcs et en prenant toutes les initiatives nécessaires au développement des échanges avec la Turquie.
Signez et faites signer la pétition « Soutien à Pinar Selek, pour un acquittement définitif »