Pinar Selek, citoyenne d’honneur du 1er arrondissement de la ville de Lyon

Vœux du 1er arron­dis­se­ment de Lyon — Dis­cours de Pinar Selek

J’ai l’honneur d’être citoyenne du centre de LyonJ’ai été témoin à la céré­mo­nie des vœux de la mai­rie du 1e à Lyon qui etait une ras­sem­ble­ment popu­laire. Au Gym­nase : parce qu’il y avait une par­ti­ci­pa­tion éton­nante. J’ai été émue de voir com­ment une mai­rie peut redon­ner place aux citoyennes et aux ini­tia­tives citoyennes. C’était émou­vant. J’ai l’espoir pour la suite. Voi­là mon petit dis­cours :

« Je vous remer­cie.
Je par­tage votre deuil. Je par­tage votre résis­tance. J’ai l’honneur d’être avec vous dans ces cir­cons­tances. Moi qui ai dû quit­ter mon pays pour avoir, jus­te­ment, vou­lu don­ner la parole aux sans voix, pour avoir mené des actions en faveur de la paix et contre les domi­na­tions.
J’ai l’honneur d’être citoyenne du centre de Lyon, ville qui sym­bo­lise le com­bat contre les forces obs­cures. Comme Stras­bourg, cette ville qui, dès l’a­bord, m’a sou­ri, m’a ouvert les bras et m’a accueilli.
Je remer­cie tout par­ti­cu­liè­re­ment Madame la maire du 1e arron­dis­se­ment que je consi­dère comme une sœur, une cama­rade. Natha­lie n’est pas une poli­ti­cienne. Depuis le début de mon arri­vée à Lyon, elle me sou­tient et par­tage à beau­coup d’égard mes idées. Avec elle, nous allons, ensemble, ren­for­cer la lumière.
Je me sens aus­si citoyenne de ce monde. Mais quel monde ? A la suite de Jean Fer­rat qui chan­tait « Ma France », je reven­dique mon monde. Je me sens citoyenne des arron­dis­se­ments, des villes, des régions et des pays où il y a la lumière.
Actuel­le­ment, des méca­nismes de vio­lence, d’oppression ont gagné une dimen­sion inédite. Alors que l’économie, le champ poli­tique et le mili­ta­risme sont glo­ba­li­sées, il existe encore des fron­tières qui séparent celles et ceux qui sont pour les liber­tés et la paix. Mais d’ores et déjà, des pas­sages s’ouvrent au tra­vers des fron­tières pour dire no pasa­ran à l’obscurité glo­ba­li­sée.
Je dédie donc ce titre, à Hrant Dink, jour­na­liste armé­nien et homme de paix, qui a œuvré toute sa vie pour la récon­ci­lia­tion et qui était assas­si­né le 19 jan­vier 2007 à Istan­bul. Nous l’avons vécu en Tur­quie comme une conti­nui­té du géno­cide des armé­niens. Et le len­de­main des mil­lions de per­sonnes ont mani­fes­té en criant « nous sommes tous armé­niens ». Les assas­sins n’attendaient pas cette réac­tion. C’était un chan­ge­ment d’échelle dans l’espace mili­tant en Tur­quie qui a pré­pa­ré les mani­fes­ta­tions de la Place Tak­sim. Je reçois ce titre au nom de tous et toutes les manifestant.e.s de toutes les cou­leurs qui reven­diquent la liber­té et la jus­tice.
Citoyen d’honneur n’est pas un titre attri­bué à la nais­sance mais qui se gagne avec la créa­tion. Créa­tion de paroles, créa­tion des uto­pies, créa­tion des actions, de l’humour. Créa­tion d’un nou­veau monde que nous aurons l’honneur d’habiter.
La vio­lence rend très dif­fi­cile la créa­tion, anéan­tit même la pos­si­bi­li­té de la réflexion. Alors la créa­tion est une résis­tance et refuse toute les fron­tières. En tant que votre nou­velle citoyenne, je vais donc conti­nuer à résis­ter en nour­ris­sant les espaces de créa­tion. »
PINAR SELEK





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