Pinar Selek : Martine Billard et Jean-Luc Mélenchon écrivent à François Hollande

Fran­çois Hol­lande est arri­vé, lun­di 27 jan­vier en Tur­quie pour une visite d’E­tat, la pre­mière d’un Pré­sident de la Répu­blique Fran­çaise dans ce pays depuis vingt-deux ans. Cette visite inter­vient au moment où le gou­ver­ne­ment turc tra­verse une crise poli­tique et judi­ciaire sans pré­cé­dent. En effet, les évé­ne­ments de la place Tak­sim en 2013 sont encore dans toutes les mémoires et  récem­ment, trois ministres proches de R. Erdo­gan, rat­tra­pés par des affaires de cor­rup­tion, ont dû démissionner.Par ailleurs, la mobi­li­sa­tion en France autour de la socio­logue Pinar Selek, qui vit en exil à Stras­bourg après sa condam­na­tion à vie au cours d’un pro­cès où la jus­tice a été bafouée,  ne fai­blit pas. Les deux co-pré­si­dents du Par­ti de Gauche, Mar­tine Billard et Jean-Luc Mélen­chon, ont écrit à Fran­çois Hol­lande pour lui deman­der de relayer auprès des auto­ri­tés turques, l’é­moi suci­té en France par la situa­tion de Pinar Selek ain­si que de faire valoir nos valeurs de jus­tice et de démo­cra­tie auprès de ses inter­lo­cu­teurs.

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Mon­sieur le Pré­sident de la Répu­blique,

Nous vous inter­pel­lons au sujet de Madame Pinar Selek, citoyenne Turque.

Cher­cheuse en socio­lo­gie à l’Université de Stras­bourg, écri­vaine mais aus­si mili­tante enga­gée dans les mou­ve­ments fémi­nistes et paci­fistes, Madame Pinar Selek a été condam­née à la pri­son à vie le 24 jan­vier 2013 par la jus­tice de son pays.Ses tra­vaux de socio­lo­gie sur la situa­tion kurde lui ont valu la ran­coeur des auto­ri­tés. Elle a donc été accu­sée d’a­voir per­pé­tré un atten­tat, rien de moins. Non seule­ment aucun lien avec elle n’a jamais été prou­vé mais il est avé­ré que l’at­ten­tat cité n’é­tait qu’un acci­dent sans aucune signi­fi­ca­tion poli­tique ou autre.

Les irré­gu­la­ri­tés de son pro­cès ont d’ailleurs été dénon­cées par les experts auprès du par­le­ment euro­péen.

Depuis des années, elle fait l’ob­jet d’un véri­table har­cè­le­ment poli­ti­co-judi­ciaire, qui l’a conduite à pas­ser deux ans et demi en pri­son en Tur­quie avant d’être libé­rée en 2000. Elle a été  acquit­tée trois fois : en 2006, 2008 et 2011. Chaque fois la déci­sion d’acquittement a été cas­sée par la Cour Suprême turque. Cette nou­velle condam­na­tion, à l’issue d’un pro­cès très poli­tique, montre l’acharnement du gou­ver­ne­ment turc à son encontre.Un achar­ne­ment qui se pour­suit aujourd’­hui avec la demande auprès d’Interpol d’un man­dat d’arrêt inter­na­tio­nal et la récente demande de pro­cé­dure d’extradition.

Lorsque la jus­tice sert ain­si des inté­rêts poli­tiques, toute cause ain­si des­ser­vie devient l’affaire de tous.Nous esti­mons que son com­bat doit être celui de la France ou elle est réfu­giée et pour­rait être le vôtre.

La com­mu­nau­té uni­ver­si­taire stras­bour­geoise, unanime,lui a déjà appor­té son sou­tien par la voix de son Pré­sident, Mon­sieur Alain Beretz et une délé­ga­tion d’universitaires s’est ren­due à son­pro­cès, à Istan­bul, en jan­vier der­nier.

Votre par­ti et votre gou­ver­ne­ment ont éga­le­ment sou­te­nu le com­bat de Pinar Selek jusqu’à ce jour. La France lui a d’ailleurs accor­dé le sta­tut de réfu­gié poli­tique qui la pro­tège pour le moment, de toute extra­di­tion.

Cependant,nous esti­mons que cela ne suf­fit pas. Il est temps que l’Etat Fran­çais ras­sure Pinar Selek et prenne posi­tion offi­ciel­le­ment enaffirmantqu’elle ne pour­ra jamais être inquié­tée en France.

Nous nous adres­sons à vous aus­si car vous séjour­ne­rez en Tur­quie fin jan­vier pour y ren­con­trer les auto­ri­tés turques.Ce voyage sera le pre­mier séjour offi­ciel d’unPrésident de la Répu­blique Fran­çaise depuis la visite du pré­sident socia­liste Fran­çois Mit­ter­rand en avril 1992. Nous vous deman­dons dere­layer l’émoi sus­ci­té en France,par la situa­tion de Madame Selek et defaire entendre les­va­leurs de jus­tice et de la liber­té­qui sont au fon­de­ment de notre Répu­blique.

Veuillez accep­ter, Mon­sieur le Pré­sident de la Répu­blique, l’expression de notre  consi­dé­ra­tion.

Mar­tine Billard
Jean-Luc Mélen­chon





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