Rencontre à la librairie TERRA NOVA 18 rue Gambetta 31000 Toulouse
Mercredi 28 mai 2014 à 19h
En partenariat avec l’Université Nomade et la radio Canal Sud, rencontre avec Pinar Selek autour de son dernier livre Service militaire en Turquie et construction de la classe de sexe dominante : devenir homme en rampant, chez l’Harmattan, et la préfacière Jules Falquet qui a également écrit la préface du livre d’Andrée Michel, Féminisme et antimilitarisme, aux éditions iXe.
A travers cinquante-huit entretiens menés avec des hommes de différents âges et milieux socio-géographiques, l’ouvrage de Pinar Selek s’inscrit dans une démarche d’histoire orale qui vise, plus qu’à cerner objectivement ce qui se passe durant le service militaire, à saisir les souvenirs qu’il a laissés aux anciennes recrues et les discours qui l’accompagnent. Avec ce travail, Pinar Selek nous entraîne à la suite des Mehmetçik dans une expérience saisissante et totale.
Premier arrachement au milieu familial pour beaucoup, première et parfois dernière occasion de sortir de leur village – ou à l’inverse, pour les citadins, de connaître des régions rurales éloignées, le service militaire implique un véritable brassage ethnique et de classe, et un tourbillon de nouveautés pour les jeunes gens.
Pinar Selek est féministe, antimilitariste, sociologue, écrivaine et militante. Elle est actuellement exilée en France, ayant été condamnée à la prison à perpétuité le 24 janvier 2013 à l’issue d’un procès de 15 années et malgré 3 acquittements successifs.
Elle continue son engagement en Turquie par l’intermédiaire de la revue Amargi et en intervenant dans des rencontres grâce aux nouvelles technologies de communication. Pinar Selek s’inscrit dans les luttes locales et internationales contre toutes les formes de pouvoir, de violence et d’exploitation en espérant voir un jour un monde de paix et de justice, pour toutes et tous. Elle est également l’auteure de La maison du Bosphore (Éditions Liana Levi) et de Loin de chez moi, mais jusqu’où ? (Éditions iXe).
Jules Falquet est maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Paris 7-Denis Diderot. Elle est l’auteure de Itza : à la croisée des chemins, de De gré ou de force : les femmes dans la
mondialisation et a dirigé la réalisation de Théories féministes et queers décoloniales :
interventions chicanas et latinas états-uniennes aux éditions iXe.
Andrée Michel fut fondatrice en 1974 au CNRS du premier Groupe d’études sur le rôle des sexes, elle est membre de l’Association internationale de sociologie. A partir des années 1980, elle compte parmi les premières et très rares chercheuses en France à travailler sur la question des transnationales et du complexe nucléo-militaro-industriel. Se situant résolument dans une
perspective militante, internationale et anti-coloniale, elle n’a eu de cesse de faire connaître les
analyses et les luttes de femmes des Suds questionnant les mythes du « développement » et de « l’ajustement structurel » (comme l’analyse du sexisme des accords de Lomé par Peggy Antrobus de DAWN ) et d’œuvrer concrètement à des alliances par ses articles dans Nouvelles Questions féministes et ses interventions dans différents espaces militants. Elle nous rappelle que la militarisation implique aussi toute une politique de l’emploi, à l’échelle de
pays entiers, subordonnant les industries civiles aux industries militaires, ce qui diffuse et aggrave la division sexuelle du travail, renforce la taylorisation et augmente le chômage en général et celui des femmes en particulier.
Andrée Michel attire aussi notre attention sur les systèmes médiatiques et éducatifs qui légitiment le militarisme sur le plan idéologique. Son travail reste terriblement actuel et « être militairement incorrectes » comme elle le préconise, est plus que jamais une urgence où convergent les luttes féministes, antiracistes, anti-coloniales et anti-capitalistes.