A l’initiative du Planning Familial 06 et du Comité de Défense 06 à Pinar SELEK nous étions, ce jeudi 11 octobre, 45 personnes à la salle FSGT de la rue Smolett pour écouter et débattre avec la sœur de Pinar, Seyda SELEK.
Cette rencontre n’a laissé personne insensible et a permis de donner des précisions importantes sur le procès de Pinar.
Seyda est avec le père de Pinar un des principaux avocats de Pinar en Turquie. Aussi son exposé était essentiellement centré sur le processus juridique autour de l’inculpation et du procès de sa sœur.
Elle a tout d’abord montré l’absurdité d’une affaire qui dure depuis 20 ans, où il y a eu quatre procès, quatre acquittements et quatre appels de ces décisions par l’État turc.
Le dernier acquittement et l’ultime recours en appel datent de 2014. Depuis, les Cours d’Appel se renvoient la « patate chaude » et finalement, c’est la Cour Suprême de Turquie qui doit statuer. Ce nouveau procès se tiendra à huis clos hors de la présence des avocats. Tout est à craindre, car ce que demande l’État turc n’est autre que la condamnation à perpétuité.
Autre avatar de cette parodie de justice, le père de Pinar reçoit régulièrement des notifications de l’administration signifiant qu’en cas de condamnation Pinar devra, au titre des indemnisations allouées aux victimes ou des réparations aux dégâts matériels payer des sommes exorbitantes. Alors même qu’elle n’est pas condamnée ! Ces manœuvres de l’État turc, constituent des menaces, elles ont pour buts d’inquiéter, de troubler les défenseurs de Pinar et d’obstruer le cours normal de la justice.
L’ensemble de ces incroyables péripéties juridiques est, il faut le rappeler, contraire aux principes internationaux de justice ainsi qu’à la charte européenne des droits humains alors même que la Turquie est membre du Conseil de l’Europe.
Donc, dans un contexte politique lui aussi très chaotique, marqué par l’aggravation des mesures autoritaires et arbitraires, avec notamment l’arrestation de nombreux juges et avocats, il est à craindre que l’appareil judiciaire soit plus que jamais aux ordres des dirigeants de ce pays.
Seyda raconte comment un avocat qui déplaisait aux juges a été expulsé manu militari du prétoire et arrêté. « Tous les jeudis », dit-elle, « nous manifestons pour demander la libération de nos consœurs et confrères, injustement emprisonnés ».
« Cependant, je reste optimiste », affirme Seyda, « en effet, malgré quatre procès, Pinar n’a jamais été condamné. Cela démontre la solidité de nos arguments et de notre défense ».
« Par ailleurs, Pinar bénéficie, depuis le début, d’un large soutien, en Turquie, mais aussi à travers le monde. Ses engagements, auprès des opprimés, son combat féministe, son soutien aux minorités, notamment, en faveur des Arméniens, ses recherches sociales, ses écrits lui ont amené la sympathie, le respect, la solidarité et l’appui de très nombreuses personnes. Il ne fait aucun doute que ces mobilisations ont pesé dans la balance et ont aidé les juges à ne pas se laisser intimider par la virulence des accusations tenues par les représentants de l’état.
Notre principal espoir repose sur ces mobilisations, Il est indispensable que Pinar soit fortement visible, elle ne peut l’être que si elle est portée par un solide courant de solidarité et de soutien. »
Ainsi Seyda a établi l’importance décisive de l’existence des comités de soutien et de nos actions constantes pour obtenir à ce qu’enfin l’État turc reconnaisse l’innocence de Pinar et l’acquitte définitivement.
La rencontre s’est poursuivie par une série de questions à Seyda et à Pinar, elle s’est terminée aux alentours de 20h, nous avons réalisé 10 nouvelles adhésions et collecté 79 €, ce qui a permis de payer la location de la salle.