Rencontre avec Seyda SELEK — 11 octobre 2018

A l’initiative du Plan­ning Fami­lial 06 et du Comi­té de Défense 06 à Pinar SELEK nous étions, ce jeu­di 11 octobre, 45 per­sonnes à la salle FSGT de la rue Smo­lett pour écou­ter et débattre avec la sœur de Pinar, Sey­da SELEK.

Cette ren­contre n’a lais­sé per­sonne insen­sible et a per­mis de don­ner des pré­ci­sions impor­tantes sur le pro­cès de Pinar.

Sey­da est avec le père de Pinar un des prin­ci­paux avo­cats de Pinar en Tur­quie. Aus­si son expo­sé était essen­tiel­le­ment cen­tré sur le pro­ces­sus juri­dique autour de l’in­cul­pa­tion et du pro­cès de sa sœur.

Elle a tout d’a­bord mon­tré l’ab­sur­di­té d’une affaire qui dure depuis 20 ans, où il y a eu quatre pro­cès, quatre acquit­te­ments et quatre appels de ces déci­sions par l’État turc.

Le der­nier acquit­te­ment et l’ul­time recours en appel datent de 2014. Depuis, les Cours d’Ap­pel se ren­voient la « patate chaude » et fina­le­ment, c’est la Cour Suprême de Tur­quie qui doit sta­tuer. Ce nou­veau pro­cès se tien­dra à huis clos hors de la pré­sence des avo­cats. Tout est à craindre, car ce que demande l’État turc n’est autre que la condam­na­tion à per­pé­tui­té.

Autre ava­tar de cette paro­die de jus­tice, le père de Pinar reçoit régu­liè­re­ment des noti­fi­ca­tions de l’ad­mi­nis­tra­tion signi­fiant qu’en cas de condam­na­tion Pinar devra, au titre des indem­ni­sa­tions allouées aux vic­times ou des répa­ra­tions aux dégâts maté­riels payer des sommes exor­bi­tantes. Alors même qu’elle n’est pas condam­née ! Ces manœuvres de l’État turc, consti­tuent des menaces, elles ont pour buts d’in­quié­ter, de trou­bler les défen­seurs de Pinar et d’obs­truer le cours nor­mal de la jus­tice.

L’en­semble de ces incroyables péri­pé­ties juri­diques est, il faut le rap­pe­ler, contraire aux prin­cipes inter­na­tio­naux de jus­tice ain­si qu’à la charte euro­péenne des droits humains alors même que la Tur­quie est membre du Conseil de l’Europe.

Donc, dans un contexte poli­tique lui aus­si très chao­tique, mar­qué par l’ag­gra­va­tion des mesures auto­ri­taires et arbi­traires, avec notam­ment l’arrestation de nom­breux juges et avo­cats, il est à craindre que l’ap­pa­reil judi­ciaire soit plus que jamais aux ordres des diri­geants de ce pays.

Sey­da raconte com­ment un avo­cat qui déplai­sait aux juges a été expul­sé manu mili­ta­ri du pré­toire et arrê­té. « Tous les jeu­dis », dit-elle, « nous mani­fes­tons pour deman­der la libé­ra­tion de nos consœurs et confrères, injus­te­ment empri­son­nés ».

« Cepen­dant, je reste opti­miste », affirme Sey­da, « en effet, mal­gré quatre pro­cès, Pinar n’a jamais été condam­né. Cela démontre la soli­di­té de nos argu­ments et de notre défense ».

« Par ailleurs, Pinar béné­fi­cie, depuis le début, d’un large sou­tien, en Tur­quie, mais aus­si à tra­vers le monde. Ses enga­ge­ments, auprès des oppri­més, son com­bat fémi­niste, son sou­tien aux mino­ri­tés, notam­ment, en faveur des Armé­niens, ses recherches sociales, ses écrits lui ont ame­né la sym­pa­thie, le res­pect, la soli­da­ri­té et l’ap­pui de très nom­breuses per­sonnes. Il ne fait aucun doute que ces mobi­li­sa­tions ont pesé dans la balance et ont aidé les juges à ne pas se lais­ser inti­mi­der par la viru­lence des accu­sa­tions tenues par les repré­sen­tants de l’é­tat.

Notre prin­ci­pal espoir repose sur ces mobi­li­sa­tions, Il est indis­pen­sable que Pinar soit for­te­ment visible, elle ne peut l’être que si elle est por­tée par un solide cou­rant de soli­da­ri­té et de sou­tien. »

Ain­si Sey­da a éta­bli l’im­por­tance déci­sive de l’existence des comi­tés de sou­tien et de nos actions constantes pour obte­nir à ce qu’en­fin l’État turc recon­naisse l’in­no­cence de Pinar et l’ac­quitte défi­ni­ti­ve­ment.

La ren­contre s’est pour­sui­vie par une série de ques­tions à Sey­da et à Pinar, elle s’est ter­mi­née aux alen­tours de 20h, nous avons réa­li­sé 10 nou­velles adhé­sions et col­lec­té 79 €, ce qui a per­mis de payer la loca­tion de la salle.





© copyright 2016  |   Site réalisé par cograph.eu