Nous avons appris avec stupéfaction la condamnation définitive prononcée par la justice turque, après plus de vingt ans de procès, d’une peine de prison à vie de notre collègue Pinar Selek. Cette sociologue a été affectée à l’Urmis en 2017 avec le soutien du programme d’accueil des scientifiques en exil du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (programme PAUSE), de l’IRD et de l’Université Côte d’Azur (UCA) et a ensuite été stabilisée en tant que Maitresse de conférence associée à l’UCA où elle enseigne et mène ses travaux de recherche.
Nous tenons à rappeler que c’est alors qu’elle travaillait, en tant que chercheuse, sur les mobilisations contestataires kurdes contre le pouvoir turc, en 1998, que notre collègue a été arrêtée, emprisonnée et torturée au motif qu’elle aurait fomenté un attentat sur un marché, tandis que plusieurs expertises ont montré que cet attentat ne fut jamais qu’un accident dû à une fuite de gaz.
Comme de nombreux autres chercheurs en Turquie, Pinar Selek paie le prix d’une chasse aux sorcières orchestrée par le régime turc envers les scientifiques qui ne se soumettent pas aux injonctions d’un pouvoir de plus en plus autoritaire.
Soutenant de façon inconditionnelle l’indépendance de la recherche où qu’elle se fasse, et scandalisés par la peine prononcée à l’encontre de Pinar Selek, les membres de l’Urmis réaffirment leur soutien et leur solidarité à leur collègue.
Nice, le 22/06/2022