Depuis un an, la militante féministe turque Pinar Selek vit en exil en France. Et depuis quatorze ans elle doit affronter les autorités de Turquie, traînée de tribunaux en geôles, où elle est restée emprisonnée deux ans.
Le pouvoir lui reproche ses travaux sur la situation des Kurdes de Turquie et ses interviews de militants du parti indépendantiste PKK, dont elle a toujours refusé de fournir les identités. Une accusation fabriquée de toutes pièces lui avait fait porter la responsabilité d’un attentat à la bombe commis dans un marché d’Istanbul. Basée sur un témoignage extorqué sous la torture, et dont l’auteur s’est ensuite récusé, l’accusation a été depuis attribuée par des experts à… une fuite de gaz.
Cela n’a pas empêché la justice de poursuivre depuis lors Pinar Selek, jugée à trois reprises et à trois reprises acquittée.
Un nouveau procès devrait être organisé le 24 janvier prochain, au mépris de toutes les preuves de l’innocence de la militante. L’acharnement du pouvoir d’Erdogan à son égard démontre l’hostilité du régime à l’égard de ceux qui militent pour que la population kurde bénéficie des droits minimum qu’elle exige depuis des décennies. Le combat de Pinar Selek en tant que militante féministe n’est apparemment pas étranger aux poursuites dont elle fait l’objet.
Les poursuites injustifiables contre Pinar Selek doivent cesser définitivement.
Viviane LAFONT