Une délégation au Ministère de l’enseignement et de la recherche en soutien à Pinar Selek. Compte-rendu

Compte-ren­du du ren­dez-vous avec Phi­lippe Bap­tiste, ministre de l’ESR, le 31 jan­vier 2025.

Une délé­ga­tion repré­sen­tant les asso­cia­tions de socio­lo­gie, science poli­tique et anthro­po­lo­gie a été reçue par M. Phi­lippe Bap­tiste (Ministre auprès de la ministre d’État, ministre de l’Éducation natio­nale, de l’Enseignement supé­rieur et de la Recherche, char­gé de l’En­sei­gne­ment supé­rieur et de la Recherche), le 31 jan­vier 2025 pour pré­sen­ter nos demandes de sou­tien à notre col­lègue Pinar Selek avant l’audience du 7 février 2025 à Istan­bul.

Nous avons rap­pe­lé rapi­de­ment les étapes de la per­sé­cu­tion que subit Pinar Selek depuis 1998 en rai­son de ses recherches en sciences sociales. Nous avons éga­le­ment évo­qué les larges mobi­li­sa­tions, notam­ment aca­dé­miques, sur son cas, notam­ment la tri­bune inter­na­tio­nale (« la socio­logue fran­co-turque Pinar Selek doit enfin être défi­ni­ti­ve­ment acquit­tée ») parue le 30 jan­vier dans 5 quo­ti­diens euro­péens, signée par plu s de 500 intellectuel·les de 27 pays ain­si que 15 président·es d’u­ni­ver­si­té et des représentant·es d’établissements de recherche.

Notre délé­ga­tion sol­li­ci­tait diverses inter­ven­tions de l’État fran­çais :

  • Une réac­tion offi­cielle à la très grave accu­sa­tion du minis­tère de l’Intérieur turc, ver­sée à l’accusation, à l’encontre des éta­blis­se­ments d’enseignement supé­rieur et de recherche suite à une mani­fes­ta­tion scien­ti­fique orga­ni­sée à Nice le 11 avril 2024 (Uni­ver­si­té Côte d’Azur, Uni­ver­si­té Paris Cité, CNRS IRD). L’État turc accuse notre col­lègue, pré­sente au titre de ses recherches aca­dé­miques, d’avoir par­ti­ci­pé à un évé­ne­ment en lien avec « l’organisation ter­ro­riste PKK ». Il nous semble très impor­tant que le MESR réponde afin de rap­pe­ler qu’un pays exté­rieur ne peut pas remettre en cause des tra­vaux scien­ti­fiques publi­ci­sés sur le sol fran­çais ni déni­grer nos orga­nismes scien­ti­fiques.
  • La garan­tie de libre cir­cu­la­tion de Pinar Selek qui, compte tenu de la demande d’extradition de la Tur­quie, se voit empê­chée de sor­tir de France pour mener ses tra­vaux ou par­ti­ci­per à des mani­fes­ta­tions aca­dé­miques inter­na­tio­nales. Nous sou­hai­tons que la France, en par­te­na­riat avec les autres membres de l’Union euro­péenne, assure à Pinar Selek sa liber­té de cir­cu­ler, quelle que soit l’issue du pro­cès. Un enga­ge­ment gou­ver­ne­men­tal sur ce point per­met­trait plus géné­ra­le­ment de garan­tir à l’ensemble des cher­cheurs et cher­cheuses exilé·es accueilli·es dans l’UE leur ins­crip­tion dans leur espace légi­time de tra­vail, qui est un espace inter­na­tio­nal. L’en­ga­ge­ment de la France à cet égard ren­for­ce­rait d’au­tant la por­tée poli­tique de cet asile.
  • La garan­tie de sécu­ri­té et de pro­tec­tion de Pinar Selek en France face à diverses menaces.
  • La par­ti­ci­pa­tion d’un·e représentant·e du gou­ver­ne­ment fran­çais à la confé­rence de presse et/ou à l’évènement scien­ti­fique sur les liber­tés aca­dé­miques orga­ni­sés à l’Université de Nice le 7 février avec les inter­ven­tions de Président·es d’universités, de représentant·es d’établissement de recherche, de représentant·es de socié­tés savantes, et d’intellectuel·les.
  • Une inter­ven­tion de la France sur le plan diplo­ma­tique auprès des auto­ri­tés turques pour que les pour­suites soient défi­ni­ti­ve­ment aban­don­nées.
  • La sécu­ri­té des représentant.es des asso­cia­tions qui par­ti­ci­pe­ront à la délé­ga­tion inter­na­tio­nale lors de l’au­dience du 7 février à Istan­bul.

Les échanges ont éga­le­ment per­mis d’évoquer les demandes plus larges sur le res­pect de la liber­té aca­dé­mique. Le ministre s’est mon­tré à l’écoute, bien infor­mé de la situa­tion de Pinar Selek et plus géné­ra­le­ment des entraves à la liber­té aca­dé­mique. Il revien­dra vers nous au sujet de nos demandes dans les pro­chains jours.

La délé­ga­tion était consti­tuée par l’As­so­cia­tion des Socio­logues Enseignant·es du Supé­rieur,  l’Association Fran­çaise de Socio­lo­gie, l’As­so­cia­tion Fran­çaise d’Ethnologie et d’Anthropologie, l’As­so­cia­tion des Enseignant·es et Chercheur·es en Science Poli­tique et l’Ob­ser­va­toire des atteintes à la liber­té aca­dé­mique.

https://afea.hypotheses.org/16615





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