JUSTICE POUR PINAR SELEK

Cette mili­tante turque inno­cente est en dan­ger !
Pınar Selek est une socio­logue turque vic­time d’une des plus grandes bavures judi­ciaires de la Tur­quie contem­po­rai­neAc­cu­sée d’être à l’origine d’un atten­tat ter­ro­riste en 1998 au mar­ché des épices (Mar­ché égyp­tien) d’Istanbul, elle risque la pri­son à vie, mal­gré deux acquit­te­ments suc­ces­sifs en 2006 et 2007. Vic­time d’un pro­cès kaf­kaïen depuis 12 ans, elle vit actuel­le­ment à Ber­lin, invi­tée par le P.E.N.-Allemagne dans le cadre du pro­gramme « Écri­vains en exil ».

En mars 2009, la 9è chambre pénale de la Cour de Cas­sa­tion, le Yargı­tay, d’Istanbul, a récla­mé une peine de pri­son à vie pour Pınar Selek, annu­lant ain­si les deux déci­sions de la dou­zième chambre du Tri­bu­nal cor­rec­tion­nel d’Istanbul, qui l’avait acquit­tée pour manque de preuve la reliant à l’explosion.

L’affaire sera exa­mi­née à nou­veau aujourd’hui 9 février 2011 par la dou­zième Cour d’Assises d’Istanbul.

Après une mobi­li­sa­tion mas­sive en Tur­quie, la vague de sou­tien s’est éten­due d’abord en Alle­magne, puis a gagné toute l’Europe. Un groupe de sou­tien fran­çais pour Pınar s’est for­mé en mars 2010.

En 1998, elle est vic­time d’une cabale poli­tique et judi­ciaire à cause de ses recherches socio­lo­giques sur les condi­tions du conflit armé entre la Tur­quie et le Kur­dis­tan et les pos­si­bi­li­tés de récon­ci­lia­tion. Emme­née en déten­tion pré­ven­tive, sa recherche lui est confis­quée et elle est alors tor­tu­rée afin de don­ner les noms des per­sonnes qu’elle avait inter­viewées. Devant son refus, elle est fina­le­ment incar­cé­rée. En 1998, alors qu’elle est déjà en pri­son, son nom est asso­cié à l’explosion du Bazar aux Epices d’Istanbul et elle est accu­sée d’avoir pris part à ce com­plot sup­po­sé. Au cours du pro­cès, l’homme qui l’avait accu­sé à tort sous la tor­ture se rétracte et aucune preuve de sa par­ti­ci­pa­tion à un éven­tuel com­plot n’est appor­tée.

En pri­son, elle apprend, en regar­dant la télé­vi­sion, qu’elle est accu­sée d’avoir dépo­sé une bombe ayant pro­vo­qué la mort de sept per­sonnes, le 9 juillet 1998, au mar­ché des épices d’Istanbul. Depuis, des rap­ports d’expertise ont conclu que la défla­gra­tion n’était pas due à une bombe mais à l’explosion acci­den­telle d’une bom­bonne de gaz. De plus, un homme qui disait avoir posé cette « bombe » avec elle, a recon­nu avoir men­ti sous la pres­sion de la tor­ture. Pinar Selek passe deux ans et demi en pri­son et est libé­rée en décembre 2000, puis défi­ni­ti­ve­ment acquit­tée en 2006 par la 12ème Cour d’Assises d’Istanbul à la suite d’un pro­cès qui aura duré plus de cinq ans.

Mal­gré les pres­sions qu’elle subit, elle n’a jamais ces­sé de mili­ter et elle a co-fon­dé en 2001 la coopé­ra­tive fémi­niste Amar­gi.

En février 2010, l’assemblée pénale géné­rale de la Cour de cas­sa­tion récuse la déci­sion d’acquittement et réclame la pri­son à vie pour Pinar Selek. Le pro­cès est ren­voyé à la 12ème Cour d’Assises d’Istanbul qui juge­ra Pinar Selek le 9 février 2011. Une confé­rence de presse se tien­dra à 9 :30 devant le tri­bu­nal à Istan­bul.

Le pro­cès de Pinar Selek est d’ores et déjà deve­nu un sym­bole dans la lutte pour la liber­té et contre toutes les injus­tices. En rela­tion étroite avec des groupes « mar­gi­na­li­sés » par le sys­tème, Pinar Selek est éga­le­ment recon­nue en Tur­quie, et ailleurs, pour ses livres sur la vio­lence contre les tra­ves­tis et les tran­sexuelles à Istan­bul, l’histoire des luttes pour la paix en Tur­quie et la construc­tion de la mas­cu­li­ni­té dans le cadre du ser­vice mili­taire. Ce der­nier livre Sürüne Sürüne Erkek Olmak (« Une vie de Chien : la Mas­cu­li­ni­té ») est éga­le­ment publié en Alle­magne sous le titre : Zum Mann gehät­schelt. Zum Mann gedrillt.

Depuis 12 ans, de nom­breux intel­lec­tuels turcs et étran­gers ont appor­té leur sou­tien à Pinar Selek en par­ti­ci­pant aus­si per­son­nel­le­ment à son pro­cès. Le Pen Club alle­mand est éga­le­ment à la tête d’une cam­pagne inter­na­tio­nale de sou­tien qui est dis­po­nible à cette adresse : http://www.pen-deutschland.de/htm/aktuelles/pinar-selek,aufruf.php

Pinar Selek vit actuel­le­ment en Alle­magne (grâce à une bourse pour « les écri­vains en exil » octroyée par PEN-Alle­magne) en cla­mant son inno­cence.

« Mme Pinar Selek, écri­vain et socio­logue qui défend acti­ve­ment les droits des femmes, des groupes de popu­la­tion mar­gi­na­li­sés et vic­times de dis­cri­mi­na­tions, y com­pris les enfants des rues, et des mino­ri­tés kurdes et armé­niennes, a à nou­veau été pour­sui­vie pour “ter­ro­risme pré­su­mé”, note le Rap­port annuel 2010 de l’Observatoire pour la Pro­tec­tion des Défen­seurs des Droits de l’Homme

Le Comi­té de sou­tien invite l’opinion publique fran­çaise à inten­si­fier la pres­sion auprès des auto­ri­tés turques.

Pour plus d’information, contac­ter le col­lec­tif de sou­tien : solidaritepinarselek.france@gmail.com www.pinarselek.fr

Hier, une délé­ga­tion com­po­sée de Cla­ra Car­bu­na MMF, Esther Paillon du Col­lec­tif de Soli­da­ri­té et de Nur­dane Caglar Nour­cier de l’association ACORT, a été reçue en audience par le conseiller prin­ci­pal de l’ambassadeur de Tur­quie en France, auquel ils ont remis un cour­rier dont voi­ci un extrait :

« Nous sommes indi­gnées du fait que la jus­tice turque ait mépri­sé les droits élé­men­taires de Pınar Selek pen­dant ces douze der­nières années. Depuis 1998, elle se trouve dans l’incapacité de mener une vie nor­male, conti­nuer ses acti­vi­tés de défense des droits de l’Homme.

Nous pro­tes­tons éner­gi­que­ment et avec déter­mi­na­tion contre cette nou­velle ten­ta­tive inique de la jus­tice turque dont le seul but est de faire taire une écri­vaine cou­ra­geuse et enga­gée pour les droits des mino­ri­tés et des exclus de son pays, la Tur­quie.

Nous invi­tons les auto­ri­tés turques à prendre toutes les mesures néces­saires pour mettre un terme au har­cè­le­ment judi­ciaire fait à l’encontre de Pınar Selek. Elle doit être acquit­tée irré­vo­ca­ble­ment et publi­que­ment.

En vous remer­ciant de votre inté­rêt et des enga­ge­ments que vous pour­riez prendre en faveur de la paix et la jus­tice pour toutes et tous, veuillez agréer, Mon­sieur l’ambassadeur Tah­sin BURCUOĞLU, nos salu­ta­tions dis­tin­guées. »

Le Conseiller d’ambassade a assu­ré à la délé­ga­tion qu’il fal­lait faire confiance à la jus­tice…

Jean Eckian
Jean Eckian@armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=67308





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