L’auteur, sociologue et militante Pinar Selek était à la Clef

Pinar Selek a pas­sé toute sa vie à se battre pour l’hu­ma­ni­té. L’au­teur et mili­tante turque exi­lée en France, était au café la Clef à Brioude, same­di soir, pour faire décou­vrir son roman La Mai­son du Bos­phore, et par­ta­ger quelques ins­tants avec son audi­toire.

« La lit­té­ra­ture c’est mon amour », déclare Pinar Selek, pleine de vie et ani­mée d’une éner­gie bouillon­nante. Assise dans un fau­teuil de la salle cosy du café lec­ture, elle explique pour­quoi ce livre tient une place aus­si par­ti­cu­lière dans sa vie. Et adresse à tous un mes­sage empli d’es­poir.

 Croire en la magie

« J’a­vais créé les per­son­nages lorsque je vivais en Tur­quie, mais je n’a­vais pas eu le temps d’é­crire le roman » indique-t-elle, racon­tant ses années de lutte au sein de son pays, son empri­son­ne­ment et l’a­char­ne­ment de l’É­tat pour la condam­ner au silence. « En 2009, on m’a dit « Tu pars demain. » J’ai tout lais­sé der­rière moi et je suis arri­vée à Ber­lin. Exi­lée, j’ai cru que j’al­lais deve­nir folle, aigrie. Il fal­lait que je fasse quelque chose qui me plai­sait. Alors j’ai com­men­cé à l’é­crire. Je suis une femme libre qui croit en la liber­té, mais ce roman est deve­nu comme un amou­reux jaloux qui ne vou­lait plus que je le quitte. Et il m’a sau­vé la vie. Dans ce livre, La Mai­son du Bos­phore, j’ai vou­lu exté­rio­ri­ser, témoi­gner de la cha­leur humaine. Du fait que les échanges humains peuvent chan­ger pas mal de choses. Ici je suis une actrice du chan­ge­ment. »

Reve­nant sur ses années d’en­fer­me­ment elle se rap­pelle : « Quand ils m’ont mise en pri­son il s’est pas­sé quelque chose que la Tur­quie n’a­vait pas pré­vu. Les gens se sont sou­dés autour de moi, mon corps était détruit à cause de la tor­ture mais j’é­tais heu­reuse. » Ces liens entre les êtres, cette force qui peut arri­ver à faire plier l’op­pres­seur, c’est ce « demi-espoir », cet « amour » qui la trans­porte. Peu avant la soi­rée, Pinar confiait : « Dans ce monde il y a beau­coup de choses ter­ribles, mais je crois en la magie. Le capi­ta­lisme sau­vage s’ins­talle avec force, les films de science-fic­tion se réa­lisent. Mais si une trans­for­ma­tion sociale émerge par le bas, bien que cela puisse être lent, elle peut se trans­for­mer en vraie révo­lu­tion. »

Julie Delo­beau

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