Le jugement de Pinar Selek une nouvelle fois reporté

Ils ont vou­lu me condam­ner pour l’exemple ». Accu­sée d’avoir fomen­té un atten­tat meur­trier le 9 juillet 1998 dans le mar­ché aux épices d’Istanbul, Pinar Selek a été acquit­tée à trois reprises. A chaque fois, la Cour de cas­sa­tion a inva­li­dé le ver­dict. Un tri­bu­nal d’Is­tan­bul l’a reju­gée en 2012 et condam­née à la pri­son à vie le 23 jan­vier 2013. La socio­logue a obte­nu l’a­sile poli­tique en France et vit aujourd’hui à Stras­bourg. Elle dénonce une machi­na­tion poli­tique et a fait appel du juge­ment. Le pro­cès s’est tenu ce jour à Anka­ra. La condam­née a sui­vi l’au­dience depuis Stras­bourg. Nous sommes allés à sa ren­contre.

« Jus­tice pour Pinar Selek » peut-on lire sur des ban­de­roles accro­chées aux murs. L’Association de soli­da­ri­té aux tra­vailleurs turcs a mis ses locaux à dis­po­si­tion pour accueillir la socio­logue et les per­sonnes venues la sou­te­nir. Dans une petite salle au pre­mier étage, une ving­taine de proches ont pris place autour d’une table. Quelques pâtis­se­ries turques et du thé. Les yeux sont rivés sur l’écran de télé­vi­sion et les ordi­na­teurs. On suit  le pro­cès via les réseaux sociaux. Il a com­men­cé à dix heures ce matin au tri­bu­nal d’Ankara. L’audience sus­pen­due vers midi doit reprendre avec la plai­doi­rie de son père, l’un des avo­cats char­gés de la défendre. Debout vers l’entrée, la jeune femme turque accueille ses amis et répond aux ques­tions des jour­na­listes. Un fou­lard vert jeté sur les épaules, elle semble sereine, le visage sou­riant. Cela fait pour­tant seize ans qu’elle vit dans l’attente d’être recon­nue inno­cente. « Un film digne des séries poli­cières dont la fin reste encore incer­taine » comme elle  le décrit elle-même.

Lorsque l’explosion de gaz se pro­duit sur le mar­ché d’Istanbul en 1998, les auto­ri­tés avancent immé­dia­te­ment la thèse de l’at­ten­tat et c’est elle qui l’au­rait com­mis. On lui reproche d’entretenir des rela­tions avec des membres du PKK, un groupe de rebelles kurdes consi­dé­rés comme ter­ro­ristes par le gou­ver­ne­ment. Sa faute prin­ci­pale a été, selon lui, de ne pas les dénon­cer. Pinar Selek s’est en effet rap­pro­chée d’eux pour les besoins de sa thèse sur la dia­spo­ra kurde.  Au cours de ses pro­cès, elle est acquit­tée à trois reprises mais le pro­cu­reur de la Répu­blique relance inlas­sa­ble­ment  la pro­cé­dure, pous­sant la jeune mili­tante à fuir à l’étranger : d’abord à Ber­lin puis à Stras­bourg pour pour­suivre ses études.

En jan­vier 2013, la Cour pénale d’Istanbul la condamne à per­pé­tui­té mais elle fait appel. Le pro­cès de ce 30 avril est la der­nière carte jouée par ses avo­cats pour venir à bout de la pro­cé­dure judi­ciaire. En France, des médias comme Le Cour­rier Inter­na­tio­nal ou Media­part sou­tiennent son acquit­te­ment. « Je conti­nue de me battre pour ren­trer chez moi, explique Pinar. Je sais que c’est encore un long che­min et qu’il ne faut pas aban­don­ner. » A 14 heures le ver­dict tombe, les visages se ferment : le juge­ment est repor­té au 11 juin et emporte avec lui l’espoir de pou­voir ren­trer en Tur­quie. Attendre encore…

http://info.arte.tv/fr/le-jugement-de-pinar-selek-une-nouvelle-fois-reporte





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