La mobilisation de 30 associations a payé : hier soir, la grande salle de l’Aubette n’était pas suffisamment vaste pour accueillir le public venu soutenir Pinar Selek et rendre hommage à toutes les femmes qui combattent pour la liberté.
Pinar Selek (DNA du 7/03/12) était à l’honneur, hier à l’Aubette. Mais à travers elle, la commission plénière sur l’égalité femmes-hommes, à l’origine de cette soirée, a voulu mettre en lumière d’autres résistantes aussi. Les chants a cappella du groupe Les Clandestines ont donné le ton : chants de lutte, d’amour et de résistance – dont une magnifique interprétation de « Bella Ciao ».
Dans leurs discours, le maire de Strasbourg et surtout la conseillère municipale Mine Günbay, déléguée aux droits des femmes et à l’égalité des genres, sont restés dans le ton. Cette dernière a évoqué les femmes des pays arabes « qui célèbrent ce 8 mars dans la déception, la colère, la crainte ou l’espoir » et aussi « les femmes grecques » qui subissent de plein fouet la crise. Allusion à l’actualité nationale, elle a demandé « qu’on cesse de considérer les femmes comme une variable d’ajustement au moment des élections ».
Des représentantes associatives se sont succédé à la tribune pour évoquer brièvement des femmes en lutte. En même temps, des portraits apparaissaient sur écran géant : celui de Nojoud Ali, qui se bat contre le mariage forcé au Yémen, de Norma Cruz, menacée de mort parce qu’elle recueille, au Guatemala, des informations sur des cas de violences à l’égard des femmes, de Tawakkul Karman, prix Nobel de la Paix 2011 pour son engagement en faveur d’une révolution pacifique, civile et sociale au Yémen.
« Devant les portes de la prison, j’avais déclaré que je poursuivrais ma lutte pour la paix »
On a aussi vu le visage de femmes d’Hassi Messaoud, en Algérie, violées et passées à tabac parce qu’elles vivent seules, et qui n’ont jamais obtenu justice. Des youyous ont conclu le petit hommage qui leur était fait. Et une figure strasbourgeoise du mouvement féministe a été applaudie : Yvette Demerle, fondatrice de Femmes de paroles, une association qui accueille et soutient depuis 1994 les femmes à la dérive, dans l’anonymat.
Rayonnante, serrant dans ses bras et embrassant celles qui venaient lui dire leur amitié, Pinar Selek a évoqué les revendications du mouvement féministe français, dont elle fait désormais partie. Enfin, la comédienne Sonia Oster, sur une musique de Pinar Buyuk, a lu la plaidoirie de Pinar Selek devant la Cour d’assises d’Istanbul, en mai 2006. On en retient une « foi en l’humanité demeurée inébranlable », grâce à la solidarité qui lui a été témoignée. Et une volonté farouche : « A ma libération, je n’ai pas joué à la gentille fille. Devant les portes de la prison, j’avais déclaré que je poursuivrais ma lutte pour la paix. » » »
par Ju.M