« Moins de service public, c’est le champ libre aux islamistes » : la sociologue Pinar Selek réfugiée à Nice s’inquiète de la montées des extrémismes

La socio­logue d’origine turque Pinar Selek, réfu­giée à Nice, appelle éga­le­ment l’État à lut­ter contre toutes les formes de racisme, et cou­per les liens éco­no­miques avec les puis­sances isla­mistes.

Les menaces et les coups de Men­ton de Recep Tayyip Erdo­gan, le chef d’État turc, Pinar Selek s’y dit « hélas habi­tuée ».

Per­sé­cu­tée dans son pays d’origine pour avoir tra­vaillé sur la com­mu­nau­té kurde, la socio­logue fran­çaise d’origine turque enseigne dans la capi­tale azu­réenne. Elle y est réfu­giée poli­tique. Elle court éga­le­ment le pays de confé­rence en confé­rence.

Dans le contexte actuel, sa parole porte. Et lui vaut des menaces extrê­me­ment pré­cises. Pour autant, elle refuse de se taire. « Il faut lut­ter avec fer­me­té contre toute forme d’extrémisme. Il ne faut rien aban­don­ner. »

Dix jours après la déca­pi­ta­tion de Samuel Paty, Pinar Selek s’inquiète. « Le retrait de l’État de cer­tains ser­vices publics est un ter­reau fer­tile pour les asso­cia­tions isla­mistes. Là où le ser­vice public démis­sionne, faute de moyens, elles occupent immé­dia­te­ment le ter­rain en ren­dant très concrè­te­ment des ser­vices aux per­sonnes âgées et à la jeu­nesse. »

Le fon­da­men­ta­lisme avance ses pions

Un rôle « social » qui per­met, selon elle, au fon­da­men­ta­lisme isla­mique d’avancer ses pions sur notre ter­ri­toire.

Autre point de dan­ger, selon Pinar Selek : « On laisse la ges­tion des mos­quées et l’apprentissage de la langue du pays d’origine à des fonc­tion­naires turcs payés par leur gou­ver­ne­ment. C’est extrê­me­ment dan­ge­reux. »

Selon elle, il faut éga­le­ment cou­per tout lien éco­no­mique avec les pays qui créent un pacte isla­miste, « et qui amènent par exemple des dji­ha­distes syriens dans le Haut-Kara­bagh pour tuer les Armé­niens ».

Alors que l’Élysée a rap­pe­lé son ambas­sa­deur à Anka­ra, une pre­mière depuis 1901, Recep Tayyip Erdo­gan accuse Emma­nuel Macron de s’en prendre à l’islam. « Quel est le pro­blème de cette per­sonne qui s’appelle Macron avec les musul­mans et l’islam ? », a décla­ré le chef d’État turc.

Pour Pinar Selek, la ficelle est grosse. « Erdo­gan, qui était en perte d’influence, avait besoin de ce thème-là. Il le popu­la­rise auprès de tous les musul­mans, dans le monde entier. Le dis­cours d’Erdogan est déma­go­gique, comme l’est celui de l’extrême droite fran­çaise. »

La socio­logue sou­ligne que l’extrême droite se nour­rit en ce moment du cli­mat d’émotion, de vio­lence et de peur. « Il ne faut pas leur lais­ser d’espace », implore-t-elle. « Il est très impor­tant de lut­ter contre toute forme d’extrémisme et de mettre en réponse tou­jours plus de démo­cra­tie, de liber­té et de débat. »

Et d’affirmer : « Mal­gré les menaces, je conti­nue­rai mes luttes. »

Gre­go­ry Leclerc- Nice Matin -Publié le 26/10/2020

https://www.nicematin.com/faits-divers/moins-de-service-public-cest-le-champ-libre-aux-islamistes-la-sociologue-pinar-selek-refugiee-a-nice-sinquiete-de-la-montee-des-extremismes-593551





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