Le 9 octobre au Musée basque de Bayonne, invitée par les animateurs de la revue HAU aldizkaria en présence d’un public conquis par sa détermination souriante, Pinar Selek s’est définie comme antimilitariste, féministe, défenseur des droits de l’Homme et des minorités. La Turquie l’a condamnée pour son combat, sur des prétextes fallacieux, emprisonnée et torturée, sans succès, afin qu’elle révèle les sources d’information de ses enquêtes.
Dans un français remarquable, Pinar Selek nous démontre la continuité et la filiation des politiques des gouvernements turcs successifs dans le prolongement de celles de l’Empire ottoman. Elle met en lumière le double jeu actuel du président Erdogan en faveur de Daesh et contre la minorité kurde dans un climat de violence et d’intimidation au mépris de la Justice et des droits élémentaires des citoyens, La volonté immédiate de Erdogan est de déstabiliser le corps électoral turc pour obtenir un pouvoir sans partage à l’occasion des prochaines élections. L’attentat à la bombe du lendemain à Ankara a malheureusement confirmé les prémonitions de Pinar.
Une soirée-tapas a clôturé cette conférence aux remparts de Bayonne. La convivialité, la musique, oud, duduk et guitare électrique, les chants, des danses kurdes étaient au rendez-vous jusque tard dans la nuit.
Le lendemain, le 10 octobre, à la Médiathèque de Biarritz, conviée par Agur Arménie (Association culturelle France-Arménie du Pays basque), devant une assistance particulièrement attentive, nombreuse et impliquée, Pinar Selek a présenté et dédicacé (avec la librairie Bookstore) son dernier livre Parce qu’ils sont Arméniens.
Elle porte un regard honnête d’intellectuelle turque sur le mensonge fantasmé de l’Histoire officielle « enseignée » dans les écoles : la non-existence du génocide des Arméniens.
Ce déni transparaît dans la volonté constante des gouvernants ottomans et surtout de leurs successeurs turcs de faire disparaître toutes les traces de la présence tri-millénaire du peuple arménien sur son territoire ancestral d’Asie mineure particulièrement en mettant en œuvre la démarche ultime des génocides, l’effacement de la culture après l’assassinat des êtres, Au passage, ils s’approprient la totalité des biens et patrimoines des victimes, socle de l’économie turque actuelle. Pinar Selek nous livre une réflexion critique sur ces attitudes qui expliquent pour partie la difficulté pour la société turque contemporaine de reconnaître ce Génocide,
Pinar insiste sur les fondements irraisonnés du négationnisme d’Etat, véritable « industrie » exportée dans le monde. C’est d’autant plus affligeant et ridicule que l’Allemagne vient de reconnaître, en avril dernier, une co-responsabilité auprès des autorités turco-ottomanes de l’époque dans cette première solution finale. Mais quid du responsable principal ?
Témoigner sur les souffrances des minorités chrétiennes et non-islamiques de son pays, inciter tous les sympathisants de la cause arménienne à aider effectivement les Arméniens à faire reconnaître la réalité du génocide sont deux des objectifs poursuivis par notre amie Pinar qui vit et enseigne depuis peu en France où elle a été accueillie. Bienvenue à elle et merci !
Claire ©armenews.com