Pinar Selek, sociologue réfugiée à Strasbourg, est jugée pour la 4e fois en Turquie

Aujourd’­hui s’est ouvert en Tur­quie le 4e pro­cès de Pinar Selek socio­logue réfu­giée à Stras­bourg et accu­sée d’un atten­tat à Istan­bul en 1998, et qu’elle n’a pas com­mis

Le qua­trième pro­cès de la socio­logue turque Pinar Selek, accu­sée d’a­voir par­ti­ci­pé à un atten­tat meur­trier com­mis il y a qua­torze ans, mais déjà acquit­tée à trois reprises, s’est ouvert jeu­di devant un tri­bu­nal d’Is­tan­bul en l’ab­sence de l’ac­cu­sée. Elle vit désor­mais en exil à Stras­bourg.
Avant l’au­dience, la comé­dienne Deniz Tür­ka­li, membre d’un comi­té de sou­tien créé en faveur de l’ac­cu­sée, a dénon­cé devant le palais de jus­tice un pro­cès ubuesque. « Nous serons à ses côtés tant que jus­tice ne sera pas faite », a‑t-elle décla­ré, citée par l’a­gence Ana­to­lie.

Le cas de Pinar Selek, 41 ans et mena­cée d’une condam­na­tion à la per­pé­tui­té, est très contro­ver­sé et dénon­cé par les défen­seurs des droits de l’Homme.
La socio­logue, connue pour ses recherches sur les mino­ri­tés mar­gi­na­li­sées, notam­ment les Kurdes et les trans­sexuels, est accu­sée d’a­voir aidé des rebelles kurdes à com­mettre un atten­tat à l’ex­plo­sif contre un site très tou­ris­tique à Istan­bul. Il s’a­gis­sait du mar­ché des épices sur la Corne d’or, qui a fait sept morts en 1998.
Arrê­tée et incar­cé­rée à l’âge de 27 ans, elle a été impli­quée dans cette affaire après avoir refu­sé de don­ner à la police les noms de rebelles qu’elle avait ren­con­trés dans le cadre de ses recherches. Elle a été libé­rée en 2000 après la publi­ca­tion d’un rap­port attri­buant l’ex­plo­sion à une fuite de gaz.
Un tri­bu­nal d’Is­tan­bul a récem­ment esti­mé que le der­nier arrêt ren­du par la Cour de cas­sa­tion, qui inva­li­dait l’ac­quit­te­ment de l’ac­cu­sée, était rece­vable et que la socio­logue serait donc reju­gée.

Les tri­bu­naux turcs, esti­mant que le carac­tère cri­mi­nel de l’ex­plo­sion n’é­tait pas éta­bli et pre­nant en compte la rétrac­ta­tion du prin­ci­pal témoin incri­mi­nant
Pinar Selek, ont acquit­té à trois reprises la cher­cheuse, mais à chaque fois la Cour de cas­sa­tion a inva­li­dé la déci­sion.

Mme Selek béné­fi­cie d’un sou­tien en France.

La par­le­men­taire euro­péenne Cathe­rine Traut­mann par exemple a envoyé une lettre au Pre­mier ministre turc Recep Tayyip Erdo­gan.
Dans des décla­ra­tions à la presse fran­çaise, la socio­logue a expli­qué avoir gran­di dans un milieu mili­tant. Son père, avo­cat qui l’a défen­du depuis des années devant la jus­tice turque, était un intel­lec­tuel de gauche, qui a pas­sé quatre ans der­rière les bar­reaux à la suite du coup d’E­tat mili­taire de 1980.

Maxime Vil­li­rillo

 

http://alsace.france3.fr/2012/12/13/pinar-selek-sociologue-refugiee-strasbourg-est-jugee-pour-la-4e-fois-en-turquie-164315.html





© copyright 2016  |   Site réalisé par cograph.eu