Semaine internationale : Pinar Selek témoigne

La socio­logue turque Pinar Selek était à Rennes, à l’occasion de la Semaine de la Soli­da­ri­té Inter­na­tio­nale. La jeune femme est venue faire part de son expé­rience lors d’une confé­rence qui s’est tenue à la Mai­son Inter­na­tio­nale de Rennes le 19 novembre.

« Depuis douze ans, je suis vic­time de per­sé­cu­tions judi­ciaires dont le seul but est de me faire taire » confie-t-elle. En Tur­quie, Pinar Selek fait par­tie de ces intel­lec­tuels qui dérangent parce qu’elle ose mili­ter pour la paix au Kur­dis­tan, dénon­cer le mas­sacre des Armé­niens, défendre les droits des mino­ri­tés, des homo­sexuels…

Tout com­mence en 1998. Alors qu’elle sort d’un ate­lier artis­tique qu’elle vient de créer pour les enfants des rues, Pinar est arrê­tée. La jeune femme de 27 ans tra­vaille sur une thèse sur les consé­quences de la guerre civile en Tur­quie. La police sou­haite qu’elle lui livre les noms des per­sonnes qu’elle a ren­con­trées. Pinar refuse. Elle est alors vic­time d’un com­plot. La police l’accuse d’être à l’origine d’un atten­tat à la bombe dans un mar­ché aux épices d’Istanbul. Jetée en pri­son, tor­tu­rée, Pinar passe deux ans et demi dans les geôles turques et ce, alors même que les rap­ports des experts confirment que l’explosion est d’origine acci­den­telle. Fina­le­ment libé­rée en 2000, puis acquit­tée en 2006, la jeune femme reste l’objet d’intimidations et de menaces.

Dans son pays, Pinar risque la pri­son à vie

« Il y a un an, la Cour de Cas­sa­tion a déci­dé de rou­vrir le dos­sier, qui ne repose sur rien. Ils veulent abso­lu­ment me punir et me mettre en pri­son ». Pinar risque en effet la pri­son à vie. Face à cet achar­ne­ment poli­tique et judi­ciaire, la jeune femme n’a pas d’autre choix que de fuir son pays. Grâce au PEN alle­mand (orga­ni­sa­tion des écri­vains du monde), Pinar obtient une bourse ain­si qu’un titre de séjour à Ber­lin où elle réside depuis main­te­nant plus d’un an.

Elle conti­nue de se battre pour ses idées et suit actuel­le­ment un doc­to­rat en science poli­tique à Stras­bourg consa­cré à l’ethnicité et à la sexua­li­té en Tur­quie. Pinar rêve de ren­trer un jour chez elle « retrou­ver ma famille et reprendre les écrits que j’ai dû aban­don­ner le jour de ma fuite. » Sur la suite ? Elle est confiante. « Les gens me connaissent là-bas. Ils savent pour­quoi je me bats, d’ailleurs on sent de plus en plus le sen­ti­ment de lutte pour la démo­cra­tie. Le mou­ve­ment social est en route et je suis opti­miste pour la suite. »

Sté­pha­nie Mar­quer

Col­lec­tif de sou­tien :
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