
Déjà quatre fois jugée pour « terrorisme », et quatre fois acquittée, la sociologue franco-turque Pinar Selek est une nouvelle fois jugée, ce vendredi 25 avril à Istanbul. Visée par un mandat d’arrêt international, la chercheuse vit en France, où elle enseigne la sociologie et les sciences politiques à l’université Côte d’Azur, à Nice. Pinar Selek et ses nombreux soutiens dénoncent un « acharnement judiciaire » qui dure depuis plus d’un quart de siècle.
Avec notre correspondante à Ankara, Anne Andlauer
Combien de temps encore la Turquie jugera-t-elle Pinar Selek ? Cette audience prévue à Istanbul ce 25 avril est la cinquième, du cinquième procès, qu’affronte la sociologue depuis 27 ans. Il s’agit toujours de la même affaire qui remonte à juillet 1998, quand elle est arrêtée par la police d’Istanbul. Elle est interrogée sur ses recherches, qui portent alors sur la question kurde. On exige qu’elle livre les noms des personnes qu’elle a rencontrées. Pinar Selek refuse de parler. Alors, on la prive de sommeil. Et on lui déboîte le bras.
Après des semaines passées en cellule, Pinar Selek apprend qu’on l’implique dans une explosion meurtrière au marché aux épices. C’est le début de ce qu’elle compare à une « torture psychologique ». Ses avocats doivent prouver que la chercheuse n’a rien à voir avec l’explosion que des experts imputent à une bouteille de gaz. Entre 2006 et 2014, Pinar Selek sera acquittée à quatre reprises, à chaque fois faute de preuves. Mais à chaque fois, le procureur fait appel et la Cour de cassation annule l’acquittement, ce qui relance sans cesse la machine judiciaire. La sociologue est toutefois réfugiée en France depuis 2011 et vit à Nice.
Pinar Selek, qui risque la prison à vie, n’est plus allée en Turquie depuis 2009 et ne sera donc pas à l’audience. En février, le tribunal avait décidé de la poursuite du mandat d’arrêt international contre la sociologue.
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