Turquie : la condamnation à la prison à vie de la sociologue Pinar Selek annulée

La Cour de cas­sa­tion turque a annu­lé mer­cre­di la condam­na­tion contro­ver­sée à la pri­son à per­pé­tui­té infli­gée en 2013 à la socio­logue turque réfu­giée en France Pinar Selek pour sa par­ti­ci­pa­tion à un atten­tat en 1998 à Istan­bul qu’elle a tou­jours niée.

Mme Selek sera jugée une nou­velle fois par un tri­bu­nal à Istan­bul à une date qui reste à fixer, a‑t-on appris auprès de la Cour. Aujourd’­hui âgée de 43 ans, Pinar Selek a été arrê­tée en 1998 après une explo­sion sur le mar­ché aux épices d’Is­tan­bul qui avait fait 7 morts et une cen­taine de bles­sés. La jus­tice lui repro­chait d’être membre du mou­ve­ment rebelle kurde du Par­ti des tra­vailleurs du Kur­dis­tan (PKK) et d’a­voir pré­pa­ré et posé la bombe, ce qu’elle a tou­jours nié. Elle avait été remise en liber­té en 2003 après un rap­port d’ex­per­tise attri­buant l’ex­plo­sion à une fuite de gaz.

Pinar Selek © AFP
© AFP Pinar Selek

Sur la foi de ce rap­port et de la rétrac­ta­tion du prin­ci­pal témoin à charge, les tri­bu­naux turcs ont acquit­té Pinar Selek à trois reprises, en 2006, 2008 et 2011. Mais à chaque fois, la Cour de cas­sa­tion a inva­li­dé ces ver­dicts. Mais en 2012, un tri­bu­nal d’Is­tan­bul a déci­dé de reju­ger la socio­logue à la faveur d’un chan­ge­ment de juge, et l’a condam­née en 2013 à la réclu­sion à per­pé­tui­té. Lors de l’au­dience qui s’est dérou­lée devant la Cour de cas­sa­tion le 30 avril, les avo­cats de Mme Selek avaient plai­dé pour l’an­nu­la­tion de ce ver­dict.

« Il n’y a pas eu d’at­ten­tat, aucune preuve ne le démontre. Tous les élé­ments font pen­ser à une fuite de gaz », avait décla­ré Ayhan Erdo­gan. Son confrère Bah­ri Belen avait dénon­cé le carac­tère « poli­tique » du juge­ment ren­du contre sa cliente, mili­tante des droits de l’homme et de la défense de la mino­ri­té kurde. « Ce pro­cès est digne de ceux des Rosen­berg (Etats-Unis) et de Drey­fus (France) », a‑t-il cla­mé. Pinar Selek a quit­té la Tur­quie en 2009 et vit aujourd’­hui à Stras­bourg. Elle obte­nu l’an der­nier l’a­sile poli­tique en France. Le man­dat d’ar­rêt déli­vré contre elle à la demande des auto­ri­tés turques a été levé en février par Inter­pol, après une visite en Tur­quie du pré­sident fran­çais Fran­çois Hol­lande, selon une source proche du dos­sier. La socio­logue béné­fi­cie de nom­breux sou­tiens en France, notam­ment dans la com­mu­nau­té uni­ver­si­taire et auprès des ONG de défense des droits de l’Homme, qui jugent sa saga judi­ciaire emblé­ma­tique des tra­vers de la jus­tice turque.





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