La sociologue Pinar Selek, poursuivie depuis près de treize ans pour un attentat présumé qui avait fait 7 morts, vient d’être acquittée par la justice turque pour la troisième fois ! Son principal accusateur, qui avait avoué sous la torture avoir commis cet attentat pour le compte de la rébellion kurde, a également été acquitté. Tous deux risquaient trente ans de prison.
Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
C’est la sortie du tunnel pour Pinar Selek, la fin de ce qu’elle décrit elle-même comme un long cauchemar kafkaïen. Car selon son avocat, la confirmation de ce verdict par le Conseil général pénal de la Cour de cassation, en juin prochain, ne devrait être qu’une formalité ; même si cette juridiction a par le passé annulé par deux fois les jugements de non-lieu rendus par des tribunaux subalternes.
Le plus incroyable dans cette affaire n’est pas seulement le fait que son complice présumé, lui-même dénoncé par un cousin lui aussi torturé, ait donné le nom de Pinar Selek à la police, plus d’un mois après les faits, mais qu’il n’y a même jamais eu d’attentat. La police scientifique a par deux fois conclu que l’explosion meurtrière du marché aux épices était accidentelle, due à une fuite de gaz .
Mais la sociologue paie pour un engagement total dans la cause des minorités, les Kurdes mais aussi les transsexuels, les enfants des rues, les femmes battues, les Roms ou les victimes du service militaire. Si la procédure touche à sa fin, il reste à souhaiter également la fin des menaces qui sont proférées à son égard par des groupes ultranationalistes, une pression qui l’empêche de travailler.
La Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme, présente sur place, a demandé à la Turquie de faire cesser ce harcèlement judiciaire et de respecter les engagements pris en matière de respect des droits de l’homme.
http://www.rfi.fr/europe/20110210-turquie-sociologue-pinar-selek-acquittee