Turquie : Pinar Selek veut un acquittement

La socio­logue turque réfu­giée en France Pinar Selek a récla­mé un acquit­te­ment « défi­ni­tif », après la déci­sion de la Cour de cas­sa­tion d’An­ka­ra mer­cre­di d’an­nu­ler sa condam­na­tion à la pri­son à per­pé­tui­té, pour un acte ter­ro­riste pré­su­mé qu’elle a tou­jours nié.

« La lutte conti­nue, car ils ont annu­lé seule­ment la condam­na­tion. La déci­sion va main­te­nant être ren­voyée à la cour d’as­sises d’Is­tan­bul. Je dois attendre mon acquit­te­ment défi­ni­tif », a décla­ré Pinar Selek, jointe par télé­phone par l’AFP depuis Stras­bourg (est de la France), où elle vit aujourd’­hui.

« Ce n’est pas une vic­toire après ce qu’on m’a fait subir, ces seize années de tor­ture. J’ai besoin que cette tor­ture s’ar­rête », a‑t-elle com­men­té. « Cette déci­sion, c’est une petite chose qui donne une chance, un espoir pour la suite, pour ceux qui luttent actuel­le­ment en Tur­quie. C’é­tait évident que je devais être acquit­tée. On m’a­vait fait condam­ner de façon illé­gale », a‑t-elle ajou­té.

« Cela montre que la soli­da­ri­té inter­na­tio­nale et en Tur­quie peut faire gagner des grandes choses », a‑t-elle pour­sui­vi, tout en sou­li­gnant que « on ne peut jamais avoir confiance dans les ins­tances judi­ciaires turques : il faut tou­jours res­ter vigi­lant ».

Mme Selek a expri­mé l’es­poir que « ce pro­cès va per­mettre de faire avan­cer les choses en Tur­quie en matière de jus­tice ».

« J’es­père que je pour­rai reve­nir chez moi (en Tur­quie) pour mener ce com­bat, pas seule­ment pour moi, car il y a encore plein de per­sonnes en pri­son, d’autres qui sont per­sé­cu­tées. Mais je ne peux pas aller en Tur­quie parce qu’il n’y a pas d’ac­quit­te­ment défi­ni­tif », a‑t-elle conclu.

Mme Selek, aujourd’­hui âgée de 43 ans, a indi­qué avoir quit­té la Tur­quie pour Ber­lin en 2009. Elle vit à Stras­bourg depuis fin 2011, et a obte­nu en 2013 l’a­sile poli­tique en France.

La Cour de cas­sa­tion turque a annu­lé mer­cre­di la condam­na­tion contro­ver­sée à la pri­son à per­pé­tui­té qui lui a été infli­gée en 2013 pour sa par­ti­ci­pa­tion à un atten­tat en 1998 à Istan­bul, qu’elle a tou­jours niée.

Elle avait été arrê­tée en 1998 après une explo­sion sur le mar­ché aux épices d’Is­tan­bul qui avait fait 7 morts et une cen­taine de bles­sés.

La jus­tice lui repro­chait d’être membre du mou­ve­ment rebelle kurde du Par­ti des tra­vailleurs du Kur­dis­tan (PKK) et d’a­voir pré­pa­ré et posé la bombe, ce qu’elle a tou­jours nié. Elle avait été remise en liber­té en 2003 après un rap­port d’ex­per­tise attri­buant en fait l’ex­plo­sion à une fuite de gaz.

Sur la foi de ce rap­port et de la rétrac­ta­tion du prin­ci­pal témoin à charge, les tri­bu­naux turcs ont acquit­té Pinar Selek à trois reprises, en 2006, 2008 et 2011. Mais à chaque fois, la Cour de cas­sa­tion a inva­li­dé ces ver­dicts.

En 2012, un tri­bu­nal d’Is­tan­bul avait déci­dé de la reju­ger, et condam­née en 2013 à la réclu­sion à per­pé­tui­té.

http://www.afp.fr/fr/node/2492374





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