Pinar Selek : vingt ans d’exil et de lutte

« Je ne veux pas une autre vie, mais je veux un autre monde »

Sou­riante, la socio­logue, mili­tante fémi­niste, anti­mi­li­ta­riste et écri­vaine, est loin de par­ler d’une thé­ma­tique joyeuse.

Ori­gi­naire d’Istanbul en Tur­quie, la cher­cheuse de 46 ans, est née dans une famille « assez enga­gée » et sen­sible aux pro­blèmes du monde. « Je suis deve­nue une mili­tante pour la paix en Tur­quie ». Depuis envi­ron un an, elle est deve­nue fran­çaise et vit à Nice.

Cela fait 20 ans que son nom est sym­bole de lutte et de résis­tance en Tur­quie et ailleurs.

Pinar Selek nous livre son his­toire au cours d’un entre­tien réa­li­sé par Ally­son Pal­lis­ser, étu­diant bré­si­lien en mas­ter en sciences poli­tiques (21’14) :

 

 

Le par­cours de la cher­cheuse est assez loin d’être simple. Depuis 1998, elle vit un pro­cès « kaf­kaïen », comme elle nous l’explique. Tout a démar­ré quand dans le cadre d’une enquête socio­lo­gique trans­na­tio­nale sur les kurdes, la cher­cheuse est inter­pe­lée par la police Turque à Istan­bul. Celle-ci lui demande les noms des enquê­tés. Elle refuse et c’est pour­quoi, elle est arrê­tée. En pri­son où elle res­te­ra 2 ans et demi, la cher­cheuse connaî­tra la tor­ture et devient une des affaires les plus emblé­ma­tiques contre les intel­lec­tuels turcs.

En 2009, elle a du quit­té la Tur­quie. Après avoir vécue à Ber­lin, elle est en France où elle a trou­vé son asile et où elle conti­nue ses actions. « J’ai été acquit­té 4 fois, et le pro­cu­reur a tou­jours fait appel. En Tur­quie, tout est arbi­traire. Tout le monde peut être en pri­son donc il y a une peur géné­rale », témoigne-t-elle.

Pinar Selek veut pas­ser à autre chose mais cette affaire l’a pour­suit.

Elle conti­nue d’écrire (9 livres déjà publiés), et elle vient de finir son pre­mier roman. « La lit­té­ra­ture me rend heu­reuse », exprime t‑elle. « La socio­lo­gie est une amie, mais la lit­té­ra­ture c’est mon grand amour ». Elle nous raconte l’histoire d’une femme « Azou­ce­na » qui a vécu l’exil, elle gran­dit entre les his­toires de sa grand-mère et son père. A la mort de sa grand-mère, elle devient folle et c’est comme ça qu’elle arrive à Nice. Et c’est là qu’elle vit des choses extra­or­di­naires. La tra­duc­tion fran­çaise de ce roman a déjà com­men­cé.

Site web : https://pinarselek.fr/

Ally­son Pal­lis­ser.





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