Place Pinar Selek ou la Turquie qui change

Pinar Selek invitée de l’émission Haute Définition (RTS.ch)
Elle a vécu en exil les évènements de la Place Taksim à Istanbul. Un exil douloureux que Pinar Selek a magnifiquement mis en mots. Les jeunes en révolte contre la dérive autoritaire et conservatrice du gouvernement de Receyp Erdogan ont érigé la sociologue en symbole. Elle a reçu des messages, des mails, des tweets ou encore des photos montrant une banderole à son nom: Place Pinar Selek !

La Turquie change, analyse la sociologue. L’Europe se trompe, affirme-t-elle depuis longtemps. Les manifestations lui ont donné raison! Le militantisme s’est également transformé, sans hiérarchie, plus informel, plus efficace. Elle ne croit pas à l’islamisation de la Turquie, elle dénonce une dérive conservatrice qui se traduit par une régression des droits individuels. Les politiques de l’Etat sont « passagères », poursuit Pinar Selek, mais « les idées, les créations restent ». Elle anticipe, avec beaucoup d’espoir  un changement politique « dans cinq ans ».  Le mouvement de la place Taksim est aujourd’hui moins médiatisé, mais il continue et il débouchera sur « une révolution », sur une transformation sociale profonde…

Rencontre avec une sociologue militante qui croit à l’avenir des mouvements sociaux.

Quelques repères biographiques

Née en Turquie en 1971. Un père avocat défenseur des droits de l’homme et une mère pharmacienne forgent un engagement fort. Son credo de sociologue: « analyser les blessures de la société pour être capable de les guérir ». Elle travaille avec les groupes en marge de la société: sans domicile fixe, transsexuels, homosexuels.

Une recherche sur la question kurde lui vaut de sérieux ennuis avec la justice de son pays. Après quinze ans de harcèlement judiciaire, Pinar Selek a été condamnée à la prison à vie en janvier dernier. Elle vit aujourd’hui en exil en France, soutenue par de nombreux comités universitaires et le maire de la ville de Strasbourg. Elle a publié son premier roman, « La Maison du Bosphore », écrit en exil en 2010.

Manuela Salvi

 





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