L’écrivaine et militante Turque Pinar Selek sera à Bayonne dès le vendredi 9 Octobre, au Musée basque (puis à Biarritz le lendemain), invitée par la revue Hau aldizkaria, portrait d’une femme libre poursuivie avec acharnement pour son combat pour une autre politique dans son pays.
Pour ceux qui l’aiment et la défendent, la sociologue et écrivaine turque Pınar Selek est une militante antimilitariste féministe exemplaire, et ses écrits sur les groupes opprimés dans son pays, sur la sexualité féminine et transgenre, valent respect et admiration.
Il n’en est pas de même pour les autorités turques, qui, dès son travail sur les enfants de la rue, sur les marginaux de la société, en particulier la communauté kurde, elle est une emmerdeuse, dangereuse.
Pour son enquête en 1998 sur la diaspora politique kurde au Kurdistan, en Allemagne et en France, la police l’arrête le 11 juillet 1998 et lui demande de livrer le nom de ses enquêtés.
Son refus d’obtempérer lui vaut des actes de torture, puis un traitement des plus exemplaires de ce que ce pays réserve comme répression contre les intellectuels, universitaires étudiants, artistes et journalistes en Turquie.
Après une explosion deux jours avant son arrestation sur le bazar aux épices à Istanbul faisant 7 morts et une centaine de blessés, il sera établi par plusieurs experts que cette explosion était due à une fuite de gaz. Mais les autorités produisent des « preuves » selon lesquelles Pinar Selek aurait été mêlé à un attentat terroriste par des partisans du PKK.
De longs mois de prison forment le premier chapitre d’une bataille judiciaire toujours en cours, où se succèdent libérations, trois relaxes, et, en 2013, une condamnation à vie pour terrorisme avant un nouveau procès auprès de la 9e Cour de cassation dans les prochains mois.
En 2008, elle choisit de s’exiler en Allemagne, puis en France, où elle continue son travail de sociologue, en particulier une étude sur la construction de la masculinité à travers le service militaire en Turquie.
Soutenue par des dizaines d’associations des droits de l’homme, Pinar reste convaincue qu’il faut « analyser les blessures de la société pour être capable de les guérir », et la nécessité d’inventer une politique évoluée et militante malgré la violence extrême que cela accompagne.
Et l’admet, « être une femme a beaucoup joué contre moi, en particulier pendant les phases de torture », qui ont beaucoup gêné ses geôliers, « je suis devenu un symbole de liberté des femmes, qui ose parler de la sexualité et des opprimés, alors que, avant, les autorités tentaient de me culpabiliser, en m’expliquant que je n’étais ni kurde ni arménienne, mais turque » (entretien vidéo donné à l’Université de Strasbourg).
« Quand vous résistez, vous pouvez voir dans les nouvelles générations un courage pour les jeunes universitaires, et sans avoir choisi d’être un modèle, malgré moi, je suis contente de voir que l’éthique, la liberté, c’est plus important que le risque pris », confie-t-elle, « et je crois que l’on va gagner ».
Invitée par la revue Hau aldizkaria, en coordination avec les revues Maiatz, Aldiz, et Ekaitza, Pinar Selek sera donc au Musée Basque de Bayonne le vendredi 9 octobre prochain (entrée libre et chapeau à la sortie) pour une conférence de 18h à 20h, avant, à partir de 20h30, à Haize Hegoa (lieu encore à confirmer) un apéro-tapas et gâteaux kurdes, avec 2 concerts : Kada ( chant, Oud ), puis Geroa Orkestra.
Le samedi 10 octobre, à 15h, Pinar Selek sera à la Médiathèque de Biarritz, invitée par la librairie Bookstore, pour la dédicace de son livre « Parce qu’ils sont arméniens ».
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