Soutien à Pinar Selek : la mobilisation s’organise

De multiples initiatives voient le jour en soutien à l’écrivaine et sociologue persécutée depuis bientôt 25 ans par la justice et le pouvoir turcs. Vous aussi vous pouvez aider la féministe et militante des droits humains.

Le face à face entre un État autoritaire et une femme engagée et solidaire nous concerne toutes et tous. Il concerne les chercheur.es parce que Pinar Selek a été torturée et emprisonnée en 1998 par le pouvoir turc pour avoir conduit des recherches sur les militant.es kurdes. Il concerne tous les artistes parce que Pinar est une écrivaine engagée qui a publié plusieurs livres, des romans, des contes, des essais, traduits en de nombreuses langues (voir ici ou ). Il concerne toutes celles et tous ceux qui défendent les droits humains parce que Pinar est une combattante des droits humains, en Turquie comme en France aujourd’hui. Il concerne chaque citoyenne et chaque citoyen parce que Pinar est privée de sa liberté par une décision de justice arbitraire. Exilée en France depuis 2012, Pinar ne peut plus retourner dans son pays, pour y vivre, y enseigner librement et simplement être avec sa famille et ses ami.es. Elle est privée de ses libertés fondamentales parce qu’un État a décidé de faire d’elle une « terroriste » en fabriquant de toutes pièces les preuves d’un attentat qui n’était qu’un accident, ainsi que l’ont démontré plusieurs enquêtes indépendantes : l’explosion du Marché aux épices d’Istanbul de 1998 a été provoquée accidentellement par une bouteille de gaz. Pinar Selek paye depuis bientôt un quart de siècle le prix de ses engagements auprès des femmes, des enfants des rues, des Kurdes, des Arméniens, des artistes …

Mais aujourd’hui le soutien à Pinar Selek est à la hauteur de l’injustice qui l’accable. La mobilisation s’organise et s’étend. Et ça fait chaud au cœur de voir la force et le nombre des initiatives qui ont suivi la décision de la Cour suprême de Turquie d’annuler son acquittement et de faire peser sur elle et sa famille des menaces financières.

Une équipe juridique se constitue et le travail des avocates et avocats de Pinar en France et en Turquie, sera décisif. Ils devront rédiger plusieurs recours. Les actions en justice sont longues et couteuses. Afin de pourvoir à ces frais, la Coordination des collectifs de solidarité a lancé une cagnotte. Vous pouvez y participer grâce à ce lien. Votre soutien, même modeste, est important.

Parmi les actions multiples déjà réalisées, on peut signaler des rassemblements de soutien (voir ici pour Lorient) ou des prises de position d’associations : La Cimade a exprimé sa solidarité avec Pinar, de même que des associations de migrants . Alors que les éditions des femmes-Antoinette Fouque et l’Alliance des femmes pour la démocratie ont produit un communiqué, les librairies se mobilisent également (voir ici le bel accueil à Bayonne). Il existe même un réseau de librairies solidaires avec Pinar Selek qui ont immédiatement produit une affichette qui est largement diffusée et téléchargeable ci-dessous.

Les laboratoires de recherche ne sont pas en reste (voir ici ou ) et des organisations syndicales se mobilisent ( par exemple la CGT 06 ou le SNESUP-FSU), des revues prennent position (voir ici) et des élu.es sont sensibles à la cause. Chaque action est comme un cerf-volant qui traverse les frontières et redonne un peu d’espoir et de liberté à Pinar.

Et ce n’est qu’un début. Des tribunes sont en cours de rédaction, des campagnes de sensibilisation vont essaimer. Nous nous battrons pour la réhabilitation pleine et entière de notre amie écrivaine et sociologue. Je dis « amie » parce que je sais que Pinar est l’amie de toutes celles et tous ceux qui luttent pour la démocratie, la liberté et les droits humains.

Je me permets, pour terminer ce billet d’information, de citer un très bel article de La Revue des deux mondes de René Dzagoyan, écrivain d’origine arménienne, qui analyse la condamnation de Pinar et celle de Osman Kavala, condamné à la prison à perpétuité il y a à peine deux mois. L’écrivain écrit ceci, avec beaucoup de force et de justesse :

« Le combat de Pinar et d’Osman est le même : prendre le parti des individus contre la puissance écrasante de l’État, soutenir le parti des femmes contre la violence patriarcale des hommes, se ranger du côté des Kurdes contre la violence légale de l’Armée, choisir le camp des Arméniens contre une machine négationniste qui tente désespérément depuis plus d’un siècle d’effacer la tâche indélébile d’un génocide sur son Histoire. En défendant ce qu’ils défendent, Pinar et Osman remettent en question les bases profondes d’un pouvoir qui fonde son existence sur la servitude et sa légitimité sur la peur. Sans qu’ils le sachent, leur simple protestation, poche de résistance, prouve l’impuissance de cet État à demeurer tout-puissant. Face au danger de contagion dans un pays où la crise économique justifie de moins en moins la soumission, l’État n’a pas d’autre choix que de faire taire les insoumis, quels qu’en soient les moyens. Plus un État se sent vulnérable, plus la répression est féroce. La double condamnation de Pinar Selek et d’Osman Kavala, signal de son intransigeance, signe l’aveu de sa fragilité. »

Tous les régimes autoritaires ont leur talon d’Achille et finissent par disparaître.

Pascal Maillard

Lien vers la cagnotte : https://www.helloasso.com/associations/karinca/collectes/solidarite-avec-p-nar-non-a-sa-condamnation

Plus d’informations sur https://pinarselek.fr/

https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/010722/soutien-pinar-selek-la-mobilisation-s-organise





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