En Turquie, le gouvernement d’Erdogan poursuit son acharnement contre Pinar Selek

Une nou­velle audience du pro­cès kaf­kaïen que la jus­tice turque mène contre l’universitaire a lieu ce ven­dre­di 7 février. Une jour­née de mobi­li­sa­tion pour la sou­te­nir est orga­ni­sée à Nice.

Elle avait déjà été condam­née par la jus­tice turque à une peine de pri­son à per­pé­tui­té, au cours d’une série de pro­cès fal­la­cieux. Ce ven­dre­di 7 février a lieu, à Istan­bul, la cin­quième audience du pro­cès à l’encontre de Pinar Selek, socio­logue à l’université Nice-Côte d’Azur.

Doc­teure en sciences poli­tiques ayant obte­nu l’asile aca­dé­mique à l’université de Stras­bourg, puis la natio­na­li­té fran­çaise en 2017, l’universitaire subit depuis des années l’acharnement du gou­ver­ne­ment turc. Il cherche, aujourd’hui encore, à obte­nir son extra­di­tion au pré­texte de nou­velles accu­sa­tions de ter­ro­risme.

Au prin­temps 2024, dans le cadre du fes­ti­val Prin­temps des migra­tions sou­te­nu par l’université Nice-Côte d’Azur, Pinar Selek a eu le tort d’animer une table ronde, en lien avec ses recherches scien­ti­fiques, en pré­sence de femmes kurdes. Le minis­tère de l’Intérieur turc a consi­dé­ré qu’il s’agissait d’un acte ter­ro­riste orga­ni­sé par le Par­ti des tra­vailleurs du Kur­dis­tan (PKK), don­nant lieu à ce nou­veau chef d’inculpation devant le tri­bu­nal.

La bête noire d’Ankara depuis 25 ans

En réa­li­té, Pinar Selek est la bête noire d’Ankara depuis plus de vingt-cinq ans pour ses prises de posi­tion en faveur des droits des mino­ri­tés, notam­ment des popu­la­tions kurdes, de ceux des femmes et contre toutes les dis­cri­mi­na­tions dans la socié­té turque.

À l’occasion de cette énième convo­ca­tion de l’enseignante-chercheuse devant la jus­tice turque, l’université Nice-Côte d’Azur orga­nise, au Grand Châ­teau du cam­pus Val­rose, une jour­née dédiée à la liber­té aca­dé­mique. « Ces per­son­na­li­tés du monde uni­ver­si­taire témoi­gne­ront et réflé­chi­ront aux menaces gran­dis­santes pesant sur les liber­tés de recherche et d’enseignement, sur les prin­cipes qui les sou­tiennent et sur les résis­tances néces­saires à mettre en œuvre, explique un com­mu­ni­qué de son comi­té de sou­tien dépar­te­men­tal, dans les Alpes-Mari­times. L’objectif est de rap­pe­ler que la liber­té de recherche consti­tue un pilier fon­da­men­tal du savoir et de la démo­cra­tie, et qu’elle doit être défen­due avec force et déter­mi­na­tion. »

En fin d’après-midi, ce même jour, à la mai­rie de Nice, Pinar Selek, entou­rée de ses sou­tiens, d’acteurs et actrices du tis­su cultu­rel local, par­ti­ci­pe­ra à une visio­con­fé­rence à l’issue de l’audience en Tur­quie, avec la délé­ga­tion de son comi­té de sou­tien pré­sente à Istan­bul. « C’est un pro­cès kaf­kaïen, avait décla­ré l’universitaire lors de sa pré­cé­dente convo­ca­tion devant les juges, en juin 2024. Je suis face à l’irrationalité, et après vingt-six ans, je refuse de m’y habi­tuer. »

Émi­lien Urbach

https://www.humanite.fr/monde/kurdes/en-turquie-le-gouvernement-derdogan-poursuit-son-acharnement-contre-pinar-selek





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