Les intellectuels en ligne de mire

En Turquie, plusieurs écrivains ont fait l’objet de poursuites ou condamnation.
Si, pour les journalistes, la Turquie est considérée comme «la première prison du monde», pour les écrivains, les intellectuels et les éditeurs, on ne peut pas dire que le pays soit un havre de liberté. Beaucoup ont fait l’objet de poursuites, voire de condamnation.

Orhan Pamuk.Bien sûr, on se souvient d’Orhan ­Pamuk, le premier écrivain turc à décrocher le prestigieux prix Nobel de littérature en 2006. Quelques semaines avant son couronnement, il était sous la menace parce qu’il avait simplement reconnu dans une interview l’existence du génocide arménien. C’était allé loin: le tribunal d’Istanbul l’avait accusé d’«insultes à l’identité turque». Verdict: quatre ans de prison.

Le Nobel et le soutien de nombreuses personnalités des lettres, dont Gabriel Garcia Marquez, Umberto Eco et Mario Vargas Llosa, l’ont, en quelque sorte, sauvé. Mais il a été obligé d’aller vivre aux États-Unis. Durant cette même période, en 2007, l’écrivain et journaliste d’origine arménienne, Hrant Dink, fut assassiné. Les temps ne sont guère plus cléments aujourd’hui. Derrière l’arbre Pamuk, il y a la forêt de jeunes écrivains et intellectuels qui, eux, sont toujours dans la ligne de mire du pouvoir.

Pinar Selek.

Au début de cette année, la jeune auteur et sociologue Pinar Selek a été condamnée à perpétuité par un tribunal d’Istanbul pour terrorisme. Dans La Maison du Bosphore (traduit en français au printemps chez Liana Levi), elle donne la voix à quatre Stambouliotes, «quatre jeunes épris de liberté qui cherchent leur place dans une société figée». Selek évoque la condition des femmes et des minorités (notamment les Kurdes), l’oppression politique… Elle avait déjà été emprisonnée. Elle vit aujourd’hui à Strasbourg.

Sevan Nisanyan, un intellectuel arménien, a été condamné pour blasphème à treize mois de prison parce qu’il avait soutenu un film anti-islam. Lors des récentes manifestations, les écrivains ont essayé de faire entendre leur voix. Nedim Gürsel, romancier turc et francophile (il vit en France), a bien résumé la situation ; il a affirmé à Marianne : «C’est un mouvement national qui s’explique par la dérive autoritaire d’un pouvoir qui veut imposer le mode de vie islamiste.»

Mohammed Aissaoui

http://www.lefigaro.fr/livres/2013/12/16/03005-20131216ARTFIG00263-les-intellectuels-en-ligne-de-mire.php





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