Pinar Selek et la journée de la lutte des femmes

Pour Pinar Selek l’égalité des droits ne suffit pas, elle revendique également la justice et la liberté.

À l’occasion de la journée internationale du droit des femmes, Cuej.info a rencontré la sociologue Pinar Selek. Condamnée à la prison à perpétuité pour «terrorisme» par la Turquie son pays d’origine, la chercheuse continue à œuvrer dans les mouvements féministes, depuis Strasbourg où elle est doctorante.

Pinar Selek ne considère pas le 8 mars comme la journée de la femme, mais comme la journée de la lutte des femmes : « Ce n’est pas seulement un jour pour offrir des fleurs aux femmes. Historiquement c’est une journée de résistance, qui a continué de différentes manières dans le monde entier. C’est tous les jours le 8 mars pour les femmes, parce que les luttes sont quotidiennes».

Le détournement commercial de la journée de la femme, la sociologue ne s’en étonne pas : « Les capitalistes utilisent toutes les valeurs, il faut faire des choses pour dépasser cet obstacle. »

Pour la militante, l’amélioration des égalités de droits entre hommes et femmes ne suffit pas. Cela cache le vrai problème : « les institutions qui reproduisent les rapports de domination. »

« C’est la liberté qui est importante, affirme Pinar Selek. La lutte ne doit pas séparer égalité, liberté et justice.»

Les femmes ne sont pas non plus égales entre elles

Pour Pinar Selek, les questions d’inégalités ne sont pas seulement celles entre hommes et femmes: « Les femmes ne sont pas égales entre elles. Il y a des femmes pauvres, riches, des différences de classe, d’ethnie, de race, d’orientation sexuelle. Il est important de voir les articulations des relations de pouvoir, pour vraiment créer une égalité entre les femmes dans toutes les sociétés. Les luttes pour les libertés ne doivent pas se cloisonner. »

La native d’Istanbul n’a jamais voulu être un modèle : « C’est dangereux pour la société une héroïne. Ça nous pèse, nous nous sentons plus faibles quand nous les voyons. Finalement, nous sommes toutes des héroïnes, parce que dans cette société hiérarchisée, capitaliste, pour survivre, ils faut être une héroïne. C’est aussi vrai pour les hommes.»

David Métreau

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