Pinar Selek, un symbole du féminisme

Militante Pour la Journée de la femme, un hommage à la sociologue turque en exil est organisé

«Je continue à creuser mon chemin en essayant d’oublier ce scénario mal écrit, qui n’en finit pas, qu’on m’oblige à suivre », soupire Pinar Selek. Poursuivie depuis quatorze ans pour un « attentat » place du marché aux épices à Istanbul, la sociologue turque, exilée depuis l’automne à Strasbourg, continue de crier son innocence. Des études démontrent qu’une fuite de gaz est à l’origine de l’explosion et non un acte criminel. Pour ses partisans, l’acharnement de l’Etat turc n’a qu’une explication : elle a « osé aborder la question kurde », s’occuper de gamins des rues, s’intéresser à la cause des femmes, du féminisme, des minorités sexuelles. Relaxée trois fois, la quadragénaire a été rejugée à Istanbul hier, veille de la Journée de la femme. Une peine de prison à perpétuité a été requise avant le renvoi du procès au 1er août prochain.

Un refus des inégalités

Pinar n’a pas assisté à l’audience. « Je veux que cette torture s’arrête, souffle celle qui a été torturée en prison de 1998 à 2000. Si je vis à Strasbourg, une ville humaine où je suis inscrite depuis trois ans en doctorat de sciences politiques, c’est pour éloigner mon esprit de tout cela. » Elle n’en oublie pour autant pas ses combats. « Elle refuse les inégalités. C’est un bourreau de travail sur qui l’on peut compter », témoigne Irène Tabellion de la Lune, associa

tion féministe strasbourgeoise que la sociologue vient de rejoindre. Pour la soutenir, un collectif organise, en sa présence, un rendez-vous militant, ce soir dès 18 h 30, à l’Aubette. « Elle est un symbole », lâche Irène Tabellion. « Je ne veux pas l’être car bien des gens font des choses plus extraordinaires que moi, rétorque Pinar. L’Etat turc a voulu faire de moi une sorcière, mais c’est le contraire qui s’est produit. Je suis devenue, malgré moi, un symbole de résistance. Je suis consciente de cette responsabilité. Le système militariste estime qu’il doit lutter pour m’écraser, je dois continuer mes lu

ttes pour ne pas l’être. Je tiens grâce à l’amour de l’autre. »

Philippe Wendling

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