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Le procès à Istanbul de la sociologue et écrivaine turque réfugiée à Nice Pinar Selek, poursuivie depuis vingt-six ans en Turquie pour « terrorisme » malgré quatre acquittements, doit se tenir ce 7 février 2025. Elle enseigne désormais à l’université à Nice comme Maîtresse de Conférences associée, c’est de là qu’elle s’exprimera.
Le procès à Istanbul de Pinar Selek a été renvoyé à ce vendredi 7 février. Pour l’audience de ce 7 février, Pinar Selek sera à Nice à l’université Côté d’Azur où elle enseigne et mène ses activités de recherche.
« En effet, le 28 juin 2024, lors de la dernière audience de ce procès vieux de 25 ans, c’est l’université française et les libertés académiques qui ont été ciblées par le pouvoir turc via son Ministère de l’Intérieur », précise son comité de soutien dans un communiqué.
Et d’ajouter : « Pinar enverra par la poste la médaille qu’elle a reçue de la Ville de Grenoble en direction de la prison d’Evin, à l’attention de Verisheh Moradi et Pakhshan Azizi, deux femmes kurdes condamnées à mort en Iran. Car comme elle l’a dit : « Nargues Mohammadi (prix Nobel de la paix, qui était elle aussi récemment en prison) nous donne un message : [nous avons à] ne pas les laisser disparaître dans le silence. Nous pouvons les sauver, ou au moins, essayer ».
C’est depuis Nice, via une visioconférence que l’échange entre Pinar Selek et ses avocats à Istanbul une fois l’audience terminée, se fera.
Le soutien universitaire
Pinar Selek a été accueillie par plusieurs établissements français d’enseignement supérieur et de recherche au cours de sa carrière.
Elle s’est vu décerner un doctorat Honoris Causa par l’ENS de Lyon en 2013, a soutenu sa thèse de doctorat en science politique à l’université de Strasbourg en 2014, où elle a obtenu l’asile académique, a été accueillie au Collegium de Lyon (Institut d’Etudes Avancées) en 2014 – 2015 et est enseignante-chercheuse à Université Côte d’Azur depuis 2022.
Quatre acquittements dans cette procédure
La sociologue et écrivaine turque, réfugiée en France, est poursuivie depuis vingt-six ans en Turquie pour « terrorisme » en dépit de quatre acquittements dans cette procédure.
Bahri Bayram Belen, un des avocats de la défense, avait affirmé au cours d’une brève audience, le 28 juin dernier, que de « faux » documents avaient été ajoutés au dossier, jugeant que « certaines institutions administratives tentent d’influencer le pouvoir judiciaire ».
Âgée de 53 ans, Pinar Selek, qui enseigne désormais à l’université à Nice, dans les Alpes-Maritimes, avait été arrêtée en Turquie en 1998 pour ses travaux sur la communauté kurde, avant d’être accusée d’être liée à une explosion qui venait de faire sept morts au bazar aux épices d’Istanbul.
« Je suis face à l’irrationalité »
Une expertise a montré que le drame était dû à l’explosion accidentelle d’une bouteille de gaz mais les poursuites n’ont pas cessé, malgré ses quatre acquittements en 2006, 2008, 2011 et 2014.
Libérée fin 2000, Pinar Selek est un temps restée se battre en Turquie, avant que des menaces ayant suivi la publication d’un ouvrage ne la poussent à l’exil.
« C’est un procès kafkaïen. Je suis face à l’irrationalité, et après vingt-six ans, je refuse de m’y habituer », a déclaré à l’AFP Pinar Selek, visée par un mandat d’arrêt international qui limite ses possibilités de déplacements.
Comme lors des deux précédentes audiences l’an dernier, une délégation internationale d’une cinquantaine de personnes, pour la plupart des avocats, a assisté aux brefs débats vendredi.
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