Procès en appel de Pinar Selek : la cour de cassation d’Ankara renvoie son jugement au 11 juin

La Cour de cassation turque a commencé mercredi à examiner un pourvoi des avocats d’une sociologue turque réfugiée en France, Pinar Selek, condamnée en 2013 à la prison à vie pour sa participation à un attentat en 1998 à Istanbul.

Au terme de plusieurs heures de débats, le président de la Cour a renvoyé son jugement au 11 juin prochain.

Lors de l’audience, les avocats de l’universitaire ont plaidé pour l’annulation du verdict rendu contre sa cliente, tant sur le fond que sur la forme. « Il n’y a pas eu d’attentat, aucune preuve ne le démontre. Tous les éléments font penser à une fuite de gaz », a défendu Ayhan Erdogan. Son confrère Bahri Belen a dénoncé le caractère « politique » du jugement rendu contre sa cliente, militante des droits de l’homme et de la défense de la minorité kurde. « Ce procès est digne de ceux des Rosenberg (Etats-Unis) et de Dreyfus (France) », a-t-il clamé.

Aujourd’hui âgée de 43 ans, Pinar Selek a été arrêtée en 1998 après une explosion sur le marché aux épices d’Istanbul qui avait fait 7 morts et une centaine de blessés. La justice lui reprochait d’être membre du mouvement rebelle kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et d’avoir préparé et posé la bombe, ce qu’elle a toujours nié. Elle avait été remise en liberté en 2003 après un rapport d’expertise attribuant l’explosion à une fuite de gaz.

Sur la foi de ce rapport et de la rétractation du principal témoin à charge, les tribunaux turcs ont acquitté Pinar Selek à trois reprises, en 2006, 2008 et 2011.  Mais à chaque fois, la Cour de cassation a invalidé ces verdicts. Mais en 2012, un tribunal d’Istanbul a décidé de rejuger la sociologue à la faveur d’un changement de juge, et l’a condamnée en 2013 à la réclusion à perpétuité.

« Son cas est ubuesque. Il faut que la Cour de cassation dise le droit et annule les condamnations aberrantes », a déclaré mercredi Martin Pradel, représentant de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) venu assister au procès avec des membres d’un collectif de solidarité de Strasbourg. Pinar Selek a quitté la Turquie en 2009 et vit aujourd’hui à Strasbourg. Elle obtenu l’an dernier l’asile politique en France. Le mandat d’arrêt délivré contre elle à la demande des autorités turques a été levé en février par Interpol après une visite en Turquie du président français François Hollande, a-t-on indiqué de source proche du dossier.

http://alsace.france3.fr/2014/04/30/proces-en-appel-de-pinar-selek-la-cour-de-cassation-d-ankara-renvoie-son-jugement-au-11-juin-468887.html





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